Les systèmes de climatisation et de chauffage sont sexistes, selon une nouvelle étude néerlandaise. Ils sont basés sur le métabolisme masculin, de 20 à 35% plus calorifique que celui des femmes. Cela explique pourquoi beaucoup de femmes ont froid dans les grands édifices.

«Il y a beaucoup de rapports anecdotiques que les femmes ont froid dans les bureaux», explique Boris Kingma, de l'Université de Maastricht, l'un des deux coauteurs de l'étude parue dans la revue Nature Climate Change. «Dans le cadre de travaux sur les effets sur la santé des variations de température, j'ai constaté avec stupéfaction que les normes de climatisation et de chauffage, tant en Europe qu'en Amérique du Nord, sont basées sur le métabolisme des hommes. Personne auparavant n'avait relevé ce problème, même s'il y a une majorité toujours croissante de femmes dans les bureaux. À mon avis, c'est du sexisme. Les ingénieurs mécaniques et civils font fi des problèmes des femmes.»

16 jeunes femmes

Les deux chercheurs de Maastricht ont vérifié leur hypothèse grâce à une petite étude avec 16 jeunes femmes en santé (leur indice de masse corporelle moyen était de 23). Résultat: quand elles se livraient à une variété de tâches de bureau, leur corps dégageait 48 watts par mètre carré de surface corporelle. Or, les normes de génie mécanique présument une production de 60 W/m2 pour des gens faisant du travail de bureau en position assise, et 70 W/m2 pour des gens faisant du travail de bureau impliquant de légers déplacements, par exemple pour classer des documents ou aller à des réunions.

M. Kingma a transmis ses observations à la Société américaine des ingénieurs en chauffage, en réfrigération et en climatisation (ASHRAE). «J'espère qu'il y aura des changements aux normes d'ici un an. En pratique, les gens adaptent souvent la température dans leurs bureaux s'ils ont un thermostat à leur disposition. Mais dans ce cas, il y a un gaspillage énorme d'énergie, parce que les systèmes de climatisation sont conçus pour fonctionner à une température optimale. Mieux tenir compte des métabolismes des femmes pourra faire baisser les factures d'électricité des entreprises.»

L'âge, le poids et certains phénomènes biologiques comme la ménopause influent aussi sur la production de chaleur par les corps humains. Selon M. Kingma, la solution sera éventuellement de munir les employés qui travaillent dans un édifice d'un appareil mesurant leur production de chaleur - par exemple, une application sur un téléphone. Des chercheurs américains du Massachusetts Institute of Technology travaillent d'ailleurs sur des systèmes de chauffage et de climatisation qui ne touchent que l'air autour des personnes, ce qui permet (évidemment pas pour les groupes de personnes) une température ajustée individuellement et, surtout, de ne pas chauffer ou climatiser des pièces vides.

22°C

Température ambiante préférée des hommes

25°C

Température ambiante préférée des femmes

33°C

Température de la peau des hommes et des femmes

Source: Nature Climate Change