Las d'être «muselés» par le gouvernement Harper, les scientifiques du gouvernement fédéral adoptent une voie originale: celle de négocier des clauses de protection de l'intégrité de leur travail dans leurs conventions collectives.

L'Institut professionnel de la fonction publique du Canada, qui représente quelque 15 000 scientifiques à l'emploi du gouvernement fédéral, présente à la table de négociation une proposition qui obligera le fédéral à négocier des clauses protégeant la liberté d'expression des scientifiques fédéraux, le réinvestissement dans les programmes de recherche et la protection du savoir et des bibliothèques scientifiques.

Le syndicat des professionnels veut également que l'on garantisse le recours à la science pour éclairer les politiques publiques et qu'on assure un niveau de collaboration suffisant entre les scientifiques canadiens et étrangers.

Il s'est déjà élevé contre les obstacles qui se dressent devant les scientifiques qui seraient prêts à parler aux médias, notamment, et à faire connaître plus librement leurs recherches. Il a aussi déjà protesté contre les compressions budgétaires qui ont touché différents ministères, instituts et organismes.

Après avoir protesté publiquement, le syndicat tente cette fois la voie des conventions collectives. «On procède par tous les chemins possibles. Ce sont nos membres qui l'ont décidé, dans les priorités qu'ils ont établies pour la négo, ils voulaient s'attaquer à ce problème de l'intégrité scientifique», a expliqué en entrevue Peter Bleyer, conseiller spécial à l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada.

La première séance de négociation en vue du renouvellement de certaines conventions collectives a justement lieu ce mercredi avec le Conseil du Trésor.

«Tous les besoins des scientifiques sont menacés, les besoins des scientifiques pour pouvoir faire leur travail, pour défendre et protéger l'intérêt public des Canadiens, sauvegarder la salubrité de leurs aliments, l'environnement et tout ce qui est important; c'est leur rôle qui est menacé», a résumé M. Bleyer.

L'Institut représente des ingénieurs, chercheurs, biologistes, médecins et autres à l'emploi du gouvernement fédéral, qui oeuvrent notamment à l'Agence canadienne d'inspection des aliments, à Environnement Canada, à Pêches et Océans Canada ou aux Ressources naturelles.

L'adoption de telles clauses permettrait aux scientifiques syndiqués de déposer un grief si les normes jugées essentielles à leur travail ne sont pas respectées, a expliqué M. Bleyer.

Il espère que le Conseil du Trésor fédéral accepte au moins de discuter de ces clauses de protection. «Il n'y a aucune raison de ne pas négocier ce genre de clauses» qui visent ultimement à mieux protéger les citoyens en matière de santé, d'environnement et de transport de matières dangereuses, notamment, a soutenu M. Bleyer.