Des archéologues américains assurent avoir retrouvé en bon état, au nord des côtes haïtiennes, l'épave de la Santa Maria, la caravelle à bord de laquelle Christophe Colomb a découvert l'Amérique en 1492, qui risque toutefois d'être la cible de pillards.

«La situation est urgente. Le bateau doit être renfloué le plus vite possible, car personne ne le surveille», s'est inquiété le chef d'une récente expédition de reconnaissance sur le site, Barry Clifford, lors d'une conférence de presse à New York mercredi.

Pour l'explorateur, peu de doutes possible: le navire, qui repose au fond de la mer, quelque part au nord d'Haïti, est bel et bien la caravelle de Christophe Colomb.

«Tous les indices tendent à prouver que le bateau est selon toute vraisemblance la Santa Maria», a asséné M. Clifford, qui se dit prêt à se rendre sur place dès la semaine prochaine pour entamer le renflouement de l'épave.

La caravelle se trouverait dans la zone où Christophe Colomb a fait naufrage il y a plus de 500 ans. Barry Clifford avait commencé à enquêter dans cette zone il y a onze ans. Il avait alors découvert les ruines d'un fortin construit par l'équipage de la Santa Maria.

Si elle se confirme, il s'agirait de l'une des plus importantes découvertes archéologiques sous-marines. L'explorateur d'origine italienne avait atteint les côtes des Caraïbes en cherchant une nouvelle route vers l'Inde. Sa flottille, qui comptait trois caravelles (Santa Maria, Pinta, Nina), était partie le 3 août 1492 pour le compte de l'Espagne.

La Santa Maria a fait naufrage au large de Cap-Haïtien le jour de Noël de la même année.

Elle reposerait au fond de l'eau, entre trois et cinq mètres de fond, au nord des côtes d'Haïti.

Alors comment Barry Clifford s'y est-il pris pour découvrir l'épave? «Tout est dans ce livre», a-t-il expliqué mercredi. «Le carnet de bord» qu'a tenu Colomb et qu'il a «décortiqué».

«Le bateau est en grande partie en bon état et il sera possible de l'explorer, avec l'aide du gouvernement haïtien», a-t-il récemment expliqué à CNN.

Son identification fait suite à la découverte, en 2003, des ruines d'un fortin construit par l'équipage de la Santa Maria après son naufrage, complétée par la relecture du carnet de bord de Christophe Colomb.

Le réexamen des photographies sous-marines, couplé aux données récupérées au cours de récentes plongées sur le site, ont aussi permis aux archéologues d'avancer de nouvelles conclusions. Un canon du XVe siècle aperçu en 2003 accrédite aussi la thèse selon laquelle il s'agit bien de la Santa Maria.

- Aider le tourisme en Haïti -

Début mai, M. Clifford a entrepris un nouveau voyage et s'est rendu compte que le canon et d'autres objets avaient été dérobés.

Pour empêcher que de nouveaux vestiges de la caravelle connaissent le même destin, l'explorateur a dit ardemment souhaiter que les autorités haïtiennes la protègent.

Tous les objets retrouvés dans l'épave devraient être exposés en Haïti, a-t-il précisé. «J'ai la conviction que l'épave peut de cette manière potentiellement jouer un rôle important pour développer le tourisme en Haïti».

Les responsables haïtiens ont expliqué à l'AFP qu'ils espéraient travailler de concert avec l'équipe de Clifford. «Les objets (retrouvés dans la caravelle) devraient être présentés en Haïti. Nous devons étudier comment nous pouvons exploiter cette découverte au profit d'Haïti», a déclaré Fortune Dorléans, directeur du ministère haïtien des Affaires étrangères.

La Santa Maria mesurait 25 mètres de long pour 8 mètres de large, et pesait 102 tonnes. Elle avait un grand mât de 23 mètres. Son équipage se composait d'une quarantaine de marins. Une gravure ancienne la montre en train de sombrer par une mer déchaînée avec ses marins tentant de se sauver à bord d'une chaloupe.

Le 12 octobre 1492, Christophe Colomb touchait terre à Guanahani, une île qui fait aujourd'hui partie de l'archipel des Bahamas, et découvrait l'Amérique.

Barry Clifford, 68 ans, est un archéologue marin de grande expérience qui a découvert et exploré des dizaines d'épaves dans différentes parties du monde au cours des dernières décennies.