Les archéologues qui fouillent le site préhistorique d'Atapuerca, dans le nord de l'Espagne, ont annoncé mercredi la découverte d'un silex taillé datant de 1,4 million d'années, soit le vestige d'une présence humaine le plus ancien jamais mis au jour sur ce site.

Cette petite lame de silex mesurant trois centimètres a été découverte dans le Gouffre de l'Éléphant, environ deux mètres sous le niveau où avait été trouvée, en 2007, une mâchoire humaine datant de 1,2 million d'années, alors identifiée comme un vestige du «plus ancien Européen».

Le fragment découvert cette année, un silex «d'une grande valeur» qui était enfoui sous trois tonnes de sédiments, correspond à un couteau taillé il y a 1,4 million d'années, a expliqué l'un des trois directeurs des fouilles, Eduald Carbonell, en présentant les résultats de la campagne annuelle menée pendant le mois de juillet.

«Nous pensons qu'avec cette découverte nous nous approchons de la limite admise comme étant celle de la première occupation humaine en Europe occidentale, qui remonte à 1,5 million d'années», ont souligné les chercheurs dans un communiqué.

D'une richesse exceptionnelle, les gisements de la Sierra d'Atapuerca, un site classé depuis 2000 au Patrimoine mondial de l'Unesco, près de la ville de Burgos, couvrent une période remontant jusqu'à 1,5 million d'années, mais aucun outil ni reste humain remontant aussi loin n'a jamais été découvert.

En revanche, des outils en pierre mis au jour lors de cette campagne, «datant d'il y a environ un million d'années, confirment la continuité du peuplement humain en Europe depuis ses origines il y a environ 1,5 million d'années jusqu'à l'apparition de l'Homo Antecessor il y a environ 850 000 ans», souligne le communiqué.

Ces découvertes, selon les chercheurs, «contredisent les hypothèses avancées par certains, qui expliquent le premier peuplement en Europe à partir de la succession de petites vagues d'humains, sans continuité dans le temps et condamnées à l'extinction en raison de leur incapacité à s'adapter aux nouveaux espaces».

«Bien qu'il s'agisse d'outils très archaïques, ceux-ci reflètent déjà des activités complexes, comme le fait de récupérer les animaux tombés dans les grottes», qui fonctionnaient alors comme des pièges, ajoute le communiqué.

De la même époque, ces fouilles ont permis de découvrir des restes de celui qui était alors «le roi des grottes d'Atapuerca il y a un million d'années, l'Ursus dolinensis», «un ours de grande taille ancêtre direct des futurs ours des cavernes et très proche de l'ancêtre commun des ours bruns actuels».

Divers restes de cette espèce ont été retrouvés sur le site, de même que ceux d'autres animaux comme «des rhinocéros, des cervidés géants, des daims, des bisons et des ânes sylvestres».

Au terme de cette campagne 2013, les archéologues ont aussi présenté une pièce très rare: une omoplate, fossilisée, identifiée comme celle d'un enfant, garçon ou fille, de quatre à six ans, datant d'il y a 800.000 ans. Découvert en 2005, ce fossile était prisonnier d'un bloc d'argile calcifiée et il a fallu sept ans de travail pour le dégager de son enveloppe.

L'ossement, une fois analysé, pourrait trouver sa place au Musée de l'évolution humaine de Burgos, où sont exposés les vestiges les plus remarquables mis au jour dans les gisements d'Atapuerca.