Ce sujet complexe est l'un des plus âprement discutés entre climatologues dont le groupe d'experts de référence, le GIEC, a néanmoins jugé «probable» que les ouragans soient plus puissants au cours du XXIè siècle.

«La recherche scientifique sur l'impact du changement climatique sur les cyclones est un sujet encore ouvert», résume pour l'AFP Serge Planton, responsable du groupe de recherche climatique à Météo France.

En cause, selon lui, «la complexité du phénomène --un cyclone dépend de la température de surface de la mer, mais aussi de la structure des vents sur toute l'épaisseur de l'atmosphère--, qui ne répond pas de manière linéaire, simple, au réchauffement climatique».

Dans son dernier rapport sur les événements extrêmes, en mars 2012, le rapport du Groupe d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) fait d'ailleurs preuve d'une grande prudence.

Difficile, selon lui, d'assurer que les ouragans ont augmenté en intensité, fréquence ou durée ces 40 dernières années, soit le début des observations satellitaires.

Néanmoins, dans l'Atlantique Nord, où Sandy a pris naissance, «le nombre d'ouragans, notamment majeurs, a augmenté», affirme l'Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA).

Le fait du changement climatique? «Le niveau de confiance est faible», précise le rapport du GIEC. «Quarante ans, c'est trop court pour tirer des conclusions» en climatologie, explique M. Planton.

Et certains scientifiques mettent en avant le lien entre les phases d'activité cyclonique soutenue et la survenue d'El Nino, phénomène naturel qui entraîne un réchauffement des eaux du Pacifique central et oriental.

Une étude parue le 15 octobre dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) va pourtant dans le sens de la thèse du réchauffement.

En reconstituant les variations de la mer dans le golfe du Mexique depuis 1923, les chercheurs ont conclu que «les saisons cycloniques des années chaudes ont été plus actives que les années froides».

Il y a quelques années, une étude de paléoclimatologie, due à Jeffrey Donnelly (Woods Hole Oceanographic institution) relevait elle que l'activité cyclonique avait été intense il y a environ 200 ans pendant «le petit âge glacière»...

Et l'avenir? Sur la base de modélisations, le GIEC juge «probable» qu'il n'y aura pas plus de cyclones, voire moins, mais qu'ils seront plus intenses, plus pluvieux et plus venteux.

Si les études disponibles pour l'Atlantique Nord vont dans le même sens, précise la NOAA, «il y a une relativement grande incertitude concernant ces projections, et d'autres recherches sont nécessaires».

Mais pour Tom Mitchell, chargé de ces questions à l'Institut britannique du développement d'Outre-Mer, il y a «déjà beaucoup de cohérences entre ce qu'on voit dans le monde et les prévisions du GIEC sur les événements extrêmes».