Felix Baumgartner est devenu le premier homme à fracasser le mur du son en chute libre, quelques secondes après s'être projeté de sa nacelle dans la stratosphère, à plus de 39 km au-dessus du Nouveau-Mexique, dimanche après-midi.

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«Parfois, vous devez aller très haut pour réaliser à quel point vous êtes petit. Je rentre à la maison maintenant», a dit M. Baumgartner avant de faire un pas dans le vide et de devenir un minuscule point blanc sur les écrans des milliers de personnes qui suivaient son exploit partout dans le monde.



Dans sa chute, qui a duré 4 min 19 s, l'Autrichien de 43 ans a atteint une vitesse maximale de 1342 km/h. Cela correspond à Mach 1,24, une vitesse qui n'avait jamais été atteinte auparavant sans assistance mécanique.

Alors que sa vitesse augmentait pendant sa chute, Baumgartner s'est mis à tourner sur lui-même dans une vrille qui aurait pu être fatale. «Les rotations sont devenues si violentes qu'il était difficile pour moi de savoir comment les faire cesser, a expliqué M. Baumgartner lors d'un point de presse, après le saut. J'ai été capable de les maîtriser et ensuite de franchir le mur du son.»

Durant le saut, Baumgartner, vêtu d'une combinaison étanche munie de bombonnes d'oxygène, avait du mal à sentir à quel point il allait vite. «Vous n'avez aucun point de repère. La vitesse est difficile à évaluer.»

Felix Baumgartner préparait ce saut depuis cinq ans. Hier, il a précisé que dans les secondes précédant son saut, il ne pensait plus à inscrire son nom dans les livres d'histoire. «Croyez-moi, quand vous êtes debout au sommet du monde, vous devenez très humble. Vous ne pensez plus à battre des records. Vous ne pensez plus aux données scientifiques. Vous n'avez qu'un but en tête: rentrer à la maison.»

Parachutiste et spécialiste de la chute libre, Felix Baumgartner a déjà sauté du haut des tours Petronas, en Malaisie, et du sommet de la célèbre statue du Christ rédempteur, qui domine la ville de Rio, au Brésil.

Pour atteindre la stratosphère, l'aventurier est monté à bord d'une nacelle pressurisée attachée à un ballon à l'hélium haut comme un édifice de cinq étages. En atteignant la hauteur de 39 000 m, Baumgartner a également battu le record mondial du plus haut vol en ballon.

Ce saut était de loin le plus complexe et exigeant de sa vie. «Le record [du plus haut saut jamais enregistré] tenait depuis 52 ans, et ce n'est pas un hasard. C'est difficile.»

Baumgartner s'est posé en parachute à environ 60 km de l'aéroport de la petite ville de Roswell, son point de départ. Il a été cueilli par un hélicoptère.

Après le saut, Jonathan Clark, directeur médical de l'équipe de Felix Baumgartner, a dit qu'il comptait analyser les données recueillies durant la chute. «Felix avait plusieurs instruments de mesure sur lui, alors nous allons examiner toutes ces données. Ce qu'il a réalisé est incroyable. Le monde a besoin d'un héros, et aujourd'hui il en a un», a-t-il dit en point de presse.

L'exploit de Felix Baumgartner et de son équipe a été financé par le milliardaire autrichien Dietrich Mateschitz, fondateur de la firme de boissons énergétiques Red Bull.

M. Baumgartner espère que son saut servira d'inspiration pour les jeunes amateurs de parachutisme et de chute libre. Il a expliqué avoir lui-même été inspiré par l'Américain Joseph Kittinger, qui a sauté d'une hauteur de 31 km en 1960, et qui a agi comme expert pour préparer le saut de dimanche.

«Mon rêve, a conclu M. Baumgartner, serait d'être assis ici dans 40 ans et d'avoir un jeune à côté de moi qui veut des conseils pour battre mon record.