Faire le tour du monde à bord d'un petit avion biplace, tout en offrant un appui à des laboratoires de recherche du monde entier. C'est le pari que s'est lancé un couple de jeunes Français - elle est avocate, lui pilote de ligne - en mettant sur pied le projet Wings for Science (Ailes pour la science).

Partis du Luxembourg au début du mois de juin, Clémentine Bacri, 27 ans, et Adrien Normier, 30 ans, vont voler d'un continent à l'autre jusqu'en juin 2013, pour donner bénévolement de leur temps à différents projets de recherches environnementales ou archéologiques.

Leur itinéraire a de quoi faire rêver tant les accros du voyage que les fanas de science: modélisation en trois dimensions du site archéologique de Caral, au Pérou, collecte de données atmosphériques pour un système de récupération du brouillard dans le désert d'Atacama, au Chili, cartographie du volcan Yasur, à Vanuatu...

Après l'Islande (où ils ont dressé la topographie de l'île volcanique de Surtsey) et le Groenland, les deux aventuriers ont atterri la semaine dernière à Longue-Pointe-de-Mingan, sur la Côte-Nord. Le but de cette escale: aider les scientifiques de la Station de recherche des îles Mingan à repérer et identifier les baleines qui nagent dans les eaux du golfe du Saint-Laurent.

Ce tour du monde aérien, le couple y travaille depuis cinq ans et y a mis toutes ses économies. «Plus un prêt personnel remboursable sur cinq ans», lance Adrien Normier. Le gros morceau du budget: l'acquisition d'un avion motoplaneur ultraléger, modifié pour augmenter la capacité des réservoirs d'essence et faciliter la prise de photos aériennes.

À bord de l'appareil, exigu au point d'en être étouffant, ils n'ont pris que le strict minimum. Du matériel photo et vidéo, deux pantalons, deux pulls. Avec le parachute qui occupe la moitié de la microsoute, chaque centimètre carré est compté.

Un apport considérable

Après seulement 10 heures de vol, Wings for Science a pu récolter des données importantes pour la Station de recherche, estime la biologiste Sophie Comtois. «Notre aire d'étude est tellement grande, on peut facilement rater des animaux. Clémentine et Adrien peuvent survoler tout le territoire rapidement et nous donner des informations sur les tendances de déplacement des rorquals. En quelques heures de vol, ils sont plus efficaces que nous qui passons une journée sur l'eau.»

Avant d'atterrir en Minganie, Clémentine Bacri et Adrien Normier n'avaient jamais vu une baleine de toute leur vie. C'est d'ailleurs une des raisons, mais pas la seule, qui les ont poussés à accepter ce projet de collaboration.

«Nous voulions que ce tour du monde nous permette de découvrir la planète, mais aussi de faire quelque chose d'utile pour la société, explique Adrien Normier. Nous avons choisi des projets qui avaient une grande valeur scientifique.»

Le voyage est déjà commencé, mais les offres continuent d'affluer, comme un projet pour modéliser en trois dimensions le site de Petra, en Jordanie.

Pour le duo, l'itinéraire - voire la date de retour - peut encore changer...