La blennorragie ou gonorrhée, une infection à gonocoques sexuellement transmissible potentiellement dangereuse qui touche plusieurs millions de personnes chaque année, résiste de plus en plus aux traitements antibiotiques, met en garde mercredi l'Organisation mondiale de la santé.

L'OMS exhorte gouvernements et médecins à renforcer la surveillance de la blennorragie. Cette infection bactérienne peut entraîner des inflammations, une stérilité, des complications en cas de grossesse. Dans les cas les plus extrêmes, elle peut être mortelle chez la femme enceinte. Les bébés issus de mères atteintes ont un risque sur deux de développer des infections oculaires pouvant entraîner une cécité.

«Cet organisme a fondamentalement développé une résistance contre toute sorte de traitement», explique le Dr Manjula Lusti-Narasimhan, chercheur au service des maladies sexuellement transmissibles. Parmi le dernier traitement encore envisageable figurent les céphalosporines, une classe d'antibiotiques.

«D'ici deux ans, l'infection résistera à tous les traitements actuellement disponibles», ajoute-t-elle dans un entretien accordé à l'Associated Press, avant l'annonce d'un plan mondial d'action pour lutter contre la maladie.

Autrefois terreur des marins et des soldats, la blennorragie, également connue sous le nom familier de «chaude-pisse», se guérissait facilement après la découverte de la pénicilline. Mais c'est à nouveau la deuxième MST la plus fréquente après ma chlamydiose. Selon l'OMS, elle est responsable chaque année d'environ 106 millions cas d'infections, sur 498 millions recensés. Elle augmente en outre les risques de contracter d'autres maladies, comme le VIH. «Ce n'est pas un problème européen ou africain, c'est vraiment un problème mondial», prévient le Dr Lusti-Narasimhan.

Les scientifiques pensent que c'est l'abus d'antibiotiques, ainsi que l'étonnante capacité de cette bactérie à s'adapter, qui lui ont permis de devenir résistante. L'apparition de souches résistantes a d'abord été signalée au Japon, mais des cas ont également été enregistrés en Grande-Bretagne, à Hong Kong, en Australie, en France, en Suède et en Norvège. «Nous ne parviendrons pas à nous en débarrasser complètement, mais sa propagation peut être limitée», explique le Dr Lusti-Narasimhan.