Un supercontinent réunissant quasiment toutes les terres du globe, sauf peut-être l'Antarctique, pourrait se former autour du pôle Nord dans un avenir très lointain, selon une étude parue jeudi dans la revue scientifique britannique Nature.

Ce nouveau supercontinent, baptisé «Amasie», né de la fusion des Amériques avec l'Europe et l'Asie, pourrait se créer d'ici 50 à 200 millions d'années, à la suite des mouvements progressifs des continents pendant des dizaines de millions d'années. L'Afrique et l'Australie se déplaceraient aussi vers le Nord.

Au cours de l'histoire de la Terre, des supercontinents - la Pangée, Rodinia, Nuna - se sont assemblé tous les 700 à 800 millions d'années, avant de se disloquer.

Le ballet des supercontinents repose-t-il sur des règles précises permettant de savoir où sera créé le suivant ?

Ross Mitchell et ses collègues de l'Université de Yale (États-Unis) ont cherché à savoir comment se déplacent les continents, alors que la croute terrestre est constituée d'une mosaïque de plaques flottant sur la matière du manteau.

La Pangée, dernier supercontinent créé voici quelque 300 millions d'années, avait regroupé les masses terrestres au niveau de l'équateur, en les concentrant autour de la position actuelle de l'Afrique de l'Ouest.

Deux hypothèses contradictoires avaient jusque-là été formulées : le successeur de la Pangée se reformerait à la place de son prédécesseur («introversion»), ou au contraire, dans l'hémisphère opposé («extroversion») mais toujours au niveau de l'équateur.

L'équipe de Ross Mitchell propose un troisième modèle - «orthoversion» -, selon lequel l'Amasie devrait se créer à un angle de 90° par rapport à l'ancienne Pangée, c'est-à-dire au niveau de l'Arctique, et non à proximité de l'équateur.

Les Amériques resteraient au niveau de la ceinture de feu du Pacifique, marquant les zones de subduction, c'est-à-dire là où les plaques tectoniques s'enfoncent sous la croute terrestre. Les deux Amériques fusionneraient, avant de migrer vers le Nord, et d'entrer en collision avec l'Europe et l'Asie, là où se situe approximativement le pôle Nord.

Les chercheurs estiment que leur modèle est cohérent avec l'analyse du magnétisme d'anciennes roches qui ont gardé la trace de l'orientation du champ magnétique terrestre au moment de leur formation.

Voici quelque 300 millions d'années, la Pangée se serait formée à environ 90° de la position du précédent supercontinent, Rodinia. Et la création de Rodinia, voici 1 milliard d'années, aurait obéi à la même règle, par rapport à la position de son prédécesseur Nuna ayant existé il y a 1,8 milliard d'années.