Des chercheurs américains sont parvenus à cultiver des veines en laboratoire qui sont résistantes, diminuent le risque de caillot et ne provoquent pas de rejet de l'organisme receveur, selon des travaux prometteurs publiés mercredi.

«Ces veines peuvent être conservées durant de longues périodes dans de simples réfrigérateurs, ce qui signifie qu'elles peuvent être immédiatement disponibles pour des malades au moment où ils en ont besoin», explique à l'AFP Shannon Dahl, directrice des opérations scientifiques et cofondatrice de la firme Humacyte, principal auteur de cette recherche publiée dans la revue scientifique américaine Science Translational.

«Nous avons aussi démontré dans cette recherche --sur des animaux-- que nous pouvons produire des veines de grands et de petits diamètres qui peuvent être utilisées dans des procédures chirurgicales allant des hémodialyses pour les patients atteints d'insuffisance rénale à des pontages coronariens», ajoute-elle.

Selon elle, le démarrage d'essais cliniques pourrait avoir lieu «très bientôt».

Plus de 500 000 personnes par an aux États-Unis pourraient potentiellement bénéficier de ces veines, estime Shannon Dahl.

Selon l'«American Heart Association», plus de 400 000 pontages coronariens ont été dénombrés en 2007 aux États-Unis.

Pour nombre de patients, il est difficile d'utiliser leurs propres veines, souvent prélevées dans la jambe, pour faire un pontage. Cette procédure permet de contourner le blocage d'une artère coronaire afin de rétablir le flot sanguin. Certains ne peuvent pas non plus supporter un greffon synthétique.

«Actuellement, utiliser les veines du patient pour faire un greffon est la procédure privilégiée, mais prélever un vaisseau dans la jambe peut entraîner des complications et chez certaines personnes c'est tout simplement impossible», explique le Dr Alan Kypson, professeur de chirurgie cardiothoracique à l'Université de Caroline Est, un des coauteurs de l'étude.

«Pour ces malades, les veines produites avec la bio-ingénierie pourraient être la solution», ajoute-t-il.

Ces veines sont créées à partir de cellules humaines provenant d'un donneur et sont cultivées en laboratoire sur un tube de polymère. Ces cellules produisent des protéines qui vont former le tissu de la veine, explique Shannon Dahl

Le polymère, une substance naturelle, se biodégrade et les cellules sont ensuite retirées pour éviter le rejet du greffon.

Il faut de huit à dix semaines pour produire une veine et un seul donneur de cellules peut permettre de produire 37 veines.