Les antidépresseurs qui se retrouvent dans le fleuve après un passage dans les égoûts affectent les poissons, selon une nouvelle étude montréalaise. Le chercheur Sébastien Sauvé n'a toutefois pas pu observer d'effet sur le comportement des poissons.

«Nous avons soumis des truites mouchetées à une concentration d'antidépresseurs semblable à celle des effluents de l'usine de traitement», explique M. Sauvé, de l'Université de Montréal, qui publie ses résultats dans la revue Chemosphere. «Le composé semble traverser la membrane du cerveau. Ça pourrait avoir un effet sur le comportement, mais c'est difficile à observer.»

L'équipe de scientifiques dirigée par le professeur Sébastien Sauvé, du département de chimie, a trouvé des traces de médicaments dans le le foie et le cerveau de truites exposées à l'eau du fleuve. Les composés chimiques étaient concentrés dans le foie, mais les chercheurs ont aussi constaté qu'ils s'accumulaient dans le cerveau.

Problème réglé en 2013

Y a-t-il eu des changements dans les populations de poissons? «Rien de frappant», répond M. Sauvé. Et de toute façon il serait difficile de lier un médicament en particulier avec des changements dans les populations de poissons. «Manger du poisson contaminé aux antidépresseurs ne pose pas problème, selon M. Sauvé, parce que les concentrations sont trop faibles.»

Cet automne, une étude de l'Université d'Ottawa a constaté que les truites sont moitié moins susceptibles d'éjaculer en présence d'une concentration d'antidépresseurs 1000 fois plus importantes que les effluents des usines de traitement.

Le problème sera réglé en 2013, quand l'unité de stérilisation à l'ozone de l'usine de traitement sera terminée, à un coût de 150 millions. «L'ozone est l'une des seules techniques de stérilisation qui élimine les produits pharmaceutiques des eaux usées», dit M. Sauvé

Ce n'est pas la première étude de M. Sauvé sur le sujet. En 2009, il avait constaté que les médicaments anticancer se retrouvaient dans le fleuve.

- Avec La Presse Canadienne