Contribuer à la recherche de pointe en biologie... simplement en jouant sur son ordinateur. C'est ce que propose le jeu en ligne EteRNA, lancé lundi par des chercheurs des universités Carnegie Mellon et Stanford, aux États-Unis.

Le jeu, ouvert à tous et qui ne requiert aucune connaissance préalable en biologie, propose aux internautes de concevoir virtuellement des molécules d'ARN (acide ribonucléique). Ces molécules complexes jouent un rôle fondamental dans le fonctionnement des cellules et de certains virus tels que le VIH. Le but du jeu? Aider les chercheurs à mieux comprendre comment se forment les molécules d'ARN et quels types de structures sont stables en laboratoire.

Le jeu EteRNA tire profit de l'aptitude du cerveau humain à résoudre des puzzles et du grand nombre de participants, afin de résoudre des problèmes plus efficacement que ne le peuvent des logiciels de simulation. Le site du jeu invite aussi les internautes à discuter entre eux de leurs hypothèses et de leurs résultats. « C'est un jeu, mais ils y ont pris part comme une communauté scientifique », affirme Adrien Treuille, professeur adjoint d'informatique à Carnegie Mellon, qui dirige le projet  EteRNA.

Si la structure de la molécule conçue par l'internaute respecte les lois de la nature, celui-ci récolte des points. Les meilleures propositions seront ensuite testées chaque semaine en laboratoire, par les chercheurs de l'université Stanford. « La nature fournit le pointage final, et la nature est un arbitre sévère », a souligné Rhiju Das, professeur adjoint de biochimie à Stanford et un des auteurs du projet, par communiqué de presse.

Les chercheurs espèrent ainsi que les propositions des joueurs leur permettront de découvrir de nouvelles formes de molécules d'ARN. « Le rêve est que d'ici un an environ, nous soyons en mesure de créer de l'ARN qui soit fonctionnel et que nous puissions le transcrire en cellules qui accomplissent des choses telles que détecter la lumière ou même désactiver des virus », a expliqué Rhiju Das, en entrevue au New York Times.

L'approche du jeu EteRNA, soit de faire appel à la créativité d'un grand nombre de gens pour résoudre un problème complexe, est de plus en plus utilisée en recherche scientifique. En 2008, les auteurs d'EteRNA avaient conçu un jeu semblable, Foldit, dans lequel les joueurs devaient concevoir de nouvelles formes de protéines. À ce jour, plus de 50 000 internautes y ont pris part et le jeu a permis d'obtenir des meilleurs résultats que les logiciels de simulation, selon une étude parue dans la revue Nature en août 2010. Une équipe de l'université McGill à Montréal a aussi lancé un projet de ce genre en novembre dernier. Le jeu, intitulé Phylo, invite les participants à proposer des séquences de code génétique, et le groupe de recherche espère que les résultats les aideront à identifier l'origine de certaines maladies génétiques.

Hyperliens :

EteRNA : https://eterna.cmu.edu

Foldit : https://fold.it

Phylo : https://phylo.cs.mcgill.ca/fr/index.html