La blogosphère s'attendait à une annonce spectaculaire, par exemple la découverte d'une bactérie sur Titan, une lune de Saturne. Mais la NASA n'a finalement fait progresser l'astrobiologie que d'un petit pas en dévoilant l'existence d'une bactérie qui se nourrit d'arsenic dans un lac toxique en Californie.

«Il s'agit d'un microbe qui a résolu différemment le problème de la vie», a expliqué en conférence de presse Felisa Wolfe-Simon, de la Commission géologique des États-Unis, auteure principale de l'étude publiée dans la revue Science. «Certains des éléments que nous croyions essentiels à la vie ne le sont visiblement pas. On peut imaginer la vie dans des environnements radicalement différents de celui de la Terre.»

La géologue californienne avait émis en 2006, dans une conférence, l'hypothèse selon laquelle l'arsenic pourrait être l'un des éléments essentiels à la vie de certains organismes, selon le New York Times. Elle proposait alors que l'arsenic pouvait remplacer le phosphore, l'un des six éléments essentiels à la vie (les autres sont l'oxygène, l'azote, le soufre, l'hydrogène et le carbone), car l'arsenic et le phosphore sont voisins sur le tableau périodique. Une autre substitution souvent citée par les astrobiologistes -et, surtout, par les auteurs de science-fiction- est le silicium au lieu du carbone.

Mme Wolfe-Simon et son équipe ont extrait des bactéries du lac Mono, un lac salé dans le désert de la Sierra Nevada. Dans ce milieu très peu propice à la vie, il y a 20 fois plus d'arsenic que dans les cours d'eau. Les chercheurs ont nourri les bactéries d'arsenic. Seule la bactérie GFAJ-1 a survécu. Elle-même a connu une croissance plus forte que dans l'eau du lac, mais avec des structures plus fragiles. L'arsenic a remplacé le phosphore dans sa structure interne.

Les auteurs avancent que leurs résultats pourraient expliquer certains effets biologiques associés aux concentrations très élevées d'arsenic dans l'eau potable, dans des pays comme le Bangladesh.

La revue Science a devancé de deux heures la levée de l'embargo sur l'étude après que l'annonce d'une conférence de presse de la NASA eut suscité d'énormes conjectures dans les médias. Un quotidien populaire britannique a même avancé que la NASA avait découvert de la vie sur Mars, et un blogueur américain, qu'elle en avait découvert sur Titan.