Dans l'autobus, le passager du siège voisin écoute une chanson beaucoup trop forte à votre goût. Vous le lui faites poliment remarquer tout en l'invitant à baisser le son de son t-shirt...

La scène paraît aussi absurde que futuriste. Déjà, une équipe du Research Lab of Electronics du Massachusetts Institute of Technology (MIT) a créé une fibre synthétique qui capte et émet des sons. Les scientifiques veulent évidemment perfectionner cette percée remarquable. Ils rêvent aussi de créer un textile multifonctionnel et capable d'applications aussi innovatrices que variées : surveiller les fonctions corporelles, capter les conversations ou même mesurer la pression sanguine des capillaires cérébraux.

Pour l'instant, on est encore loin de la chemise ambiophonique. La technique de fabrication des fibres acoustiques mise au point dans le laboratoire du MIT permet quand même d'y croire dans un avenir rapproché.

Le tissu est composé de la même matière plastique que celle des microphones. Les chercheurs ont manipulé ce matériau pour en désaxer les molécules, les atomes de fluor d'un côté et celles d'hydrogène de l'autre. Cette asymétrie rend le matériau piézoélectrique, c'est-à-dire qu'il change de forme quand on lui applique une décharge électrique. Les spécialistes ont rajouté du graphite dans la matière plastique pour assurer la conductivité sans abimer le tissu.

L'équipe du MIT a réussi à générer du son par la transmission d'un courant électrique sinusoïdal dans le tissu, un courant alternatif à fréquence régulière. «Le tissu s'est mis à vibrer, raconte Noémie Chocat, et quand on l'a collé à nos oreilles, on a même pu distinguer des sons différents.»

La découverte vient d'être mise en ligne sur le site de la revue Nature Material's

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