Les premiers hommes se sont adaptés aux frimas de l'Europe du Nord il y a 800 000 ans, soit 100 000 ans plus tôt que ce qu'on croyait possible jusque là, selon une étude sur des découvertes archéologiques britanniques publiée mercredi dans la revue Nature.

78 outils et éclats de silex découverts près de Happisburgh (Norfolk, est de l'Angleterre) attestent de la présence humaine en Grande-Bretagne, ce qui en fait la plus ancienne implantation connue dans le nord de l'Europe, conclut cette étude réalisée par une équipe de scientifiques et d'archéologues financée par le British Museum.

Tous les sites archéologiques étudiés jusqu'à présent en Europe et en Asie ayant des traces de présence humaine pendant la période du Pléistocène (il y a 1,8 million d'années à 780 000 ans) se trouvaient sous le 45e parallèle, laissant penser que la température avait fait barrière aux migrations des premiers hommes vers le Nord.

Tous ces sites étaient de climat tropical, méditerranéen ou de savane.

Les hommes semblaient confinés à l'époque au sud des Pyrénées et des Alpes, et leur présence en Grande-Bretagne remontait à 500 000 ans. Néanmoins en 2005, des fouilles à Pakefield (Suffold, est de l'Angleterre) ont montré une présence humaine remontant à 700 000 ans. Les nouvelles découvertes placent le curseur 100 000 ans plus tôt.

«Ces découvertes sont de loin la trace la plus ancienne connue de présence d'humains en Grande-Bretagne, remontant à au moins 100 000 années plus tôt que les découvertes précédentes», a expliqué le Pr Chris Stringer, directeur de recherches sur les origines de l'homme au Musée d'Histoire naturelle à Londres.

«Elles ont des implications importantes pour notre compréhension du comportement des premiers hommes, leurs adaptations, leur survie, et pour savoir quand et comment nos ancêtres ont colonisé l'Europe après avoir quitté l'Afrique», il y a 1,8 million d'années, explique-t-il.

Ces nouvelles découvertes montrent que ces premiers hommes survivaient dans des climats hostiles, à des températures hivernales inférieures à zéro.

«Ces nouveaux objets de silex sont incroyablement importants. Non seulement ils sont plus anciens que les autres découvertes, mais ils sont accompagnés d'une gamme de données sur l'environnement qui donnent une image claire de la végétation et du climat», explique Nick Ashton, du British Museum, codirecteur du projet.

«Cela montre que les premiers hommes ont survécu dans un climat plus froid que le climat actuel», explique-t-il.

L'été les températures avoisinaient les 16 à 18 degrés, l'hiver elles descendaient jusqu'à -3 degrés.

Une grande partie de l'Europe du Nord était couverte à l'âge de glace de forêts boréales, fluctuant en fonction de l'évolution des glaciers. Plantes et animaux comestibles étaient rares et clairsemés, les jours raccourcis et les températures rigoureuses en hiver rendaient encore plus difficile la vie déjà rude des premiers hommes.

Happisburgh se trouvait sur un cours ancien, aujourd'hui disparu, de la Tamise. «La plaine, inondée par la marée, était recouverte d'herbe qui nourrissait un grand nombre d'herbivores, comme des mammouths, des rhinocéros et des chevaux. Les prédateurs devaient être des hyènes, des félins à dents de sabre et bien sûr les humains», indique Simon Parfitt, d'University College London.