On connaissait les aptitudes du chien à pouvoir déceler avec son seul flair certains cas de cancer chez l'homme ou encore le diabète. Mais on sait un peu moins qu'il est également capable de sentir la survenance d'une crise d'épilepsie.

Avec un sens olfactif 200 000 à 2 millions de fois meilleur que celui de l'homme, selon les espèces, le chien peut donc être un formidable atout pour les sujets à crise dans leur vie quotidienne.

Cinq à dix minutes avant une crise, Shelly Ryan peut déceler quelques signes avant-coureurs comme un tremblement des mains ou une migraine. Mais grâce à Bouncer, une femelle labrador de deux ans, elle est prévenue 15 à 20 minutes à l'avance. Alertée par ses sens, la chienne vient lui lécher les mains de façon insistante. Parfois, elle pose ses pattes sur les genoux de sa maîtresse et lui lèche la joue. «Dès qu'elle fait ça, je vais tout de suite m'allonger», explique cette femme de 34 ans habitant à Wolcott.

Bouncer, qui n'a jamais eu de formation spécifique, fait partie de ce nombre croissant de chiens d'assistance spécialisés dans l'épilepsie. Selon Assistance Dogs International, une coalition d'associations rassemblant 160 membres dans le monde, 31 associations proposent des chiens d'assistance pour épileptiques, alors que la demande est croissante.

Si les chercheurs sont partagés sur le comportement du chien et ses ressorts, ceux qui les forment assurent que le meilleur ami de l'homme peut faire beaucoup plus qu'aller chercher les pantoufles ou baver sur le journal.

Pour Frances Rosemeyer, coordinatrice de programme à Canine Assistants, une ONG qui entraîne et fournit des chiens d'assistance, ce flair «n'est pas une qualité qu'on développe à l'entraînement, c'est comme un sens, un sixième sens».

Et certains, affectés auprès d'épileptiques, ont cette capacité à déceler une crise avant qu'elle ne survient. Selon Mme Rosemeyer, qui place chaque année environ 70 chiens, «ceux-là avertiront qu'une crise va survenir. Et c'est le chien qui décide du type d'avertissement»: un aboiement, un grattement du sol, un léchage ou même parfois le fait de pousser son maître vers une chaise.

Roger Reep, professeur de neurosciences à l'Université de Floride, a dit constater lors d'une étude préliminaire en 1998 que les chiens utilisaient bien leur sens olfactif extraordinaire pour percevoir des odeurs corporelles internes quasi-indécelables et associées aux crises d'épilepsie.

«À chaque fois qu'une chose aussi fondamentale qu'une modification d'ondes cérébrales survient, il semble logique que cela déclenche une réponse du système nerveux», note le Pr Reep.

Deborah Dalziel, qui a travaillé avec lui sur cette étude, met pour sa part en garde tous ceux souhaitant acquérir de tels chiens. «Tout le monde ne peut pas interagir comme ça avec ces chiens», dit-elle en soulignant la difficulté que cela pose pour des maîtres souvent très malades. Il faut aussi être capable de savoir donner des ordres, continuer la formation et bien déchiffrer le comportement du chien.

«Il faut apprendre à lui faire confiance, car votre vie est littéralement entre leurs pattes», dit-elle. Les acquéreurs potentiels de tels chiens d'assistance doivent également se méfier de sociétés qui proposent de tels animaux contre de fortes sommes, sans garantie de formation adéquate.

Darlene Sullivan, directrice générale de Canine Partners for Life, une association à but non lucratif de Pennsylvanie, fait valoir pour sa part 15 ans d'expérience en matière d'identification de chiens capables de pouvoir renifler l'approche d'une crise. Mais elle souligne qu'aucun animal n'est activement formé à ça. Pendant les deux années de formation, «on est habitué à remarquer ces chiens extrêmement intelligents et qui sont affectueux. Je les appelle les chiens qui ne dorment jamais: ils ferment les yeux, mais si le vent se lève, ils seront ouverts».