Il y a 25 ans cette année que trois chercheurs britanniques ont découvert le trou dans la couche d'ozone. À peine deux ans plus tard, une entente internationale, le protocole de Montréal, a été adopté dans le but d'éliminer les chlorofluorocarbones, les fameux CFC, responsables de la disparition de l'ozone. L'action a porté ses fruits: le trou est en voie de se résorber et, d'ici à 2080, la couche d'ozone, qui nous protège des rayons ultraviolets, sera revenue à ce qu'elle était dans les années 50.

«Ça montre que l'action concertée est possible pour changer notre impact sur la planète», explique l'un des découvreurs britanniques, Jonathan Shanklin, qui vient de publier dans la revue Science un essai dans lequel il compare la lutte contre les CFC à celle contre les gaz à effet de serre. «Malheureusement, ça montre aussi qu'il ne faut pas que l'impact économique des changements nécessaires soit trop important. Se passer des CFC n'a pas été très coûteux, le public s'en est à peine rendu compte. S'attaquer aux gaz à effet de serre le sera davantage. Je pense que si on impose des changements importants de mode de vie, les gens vont se rebiffer. Il faut leur laisser le choix en expliquant bien les conséquences du réchauffement de la planète, comme la multiplication des vagues de chaleur telles que celle qui a tué des personnes âgées en France en 2003.»

M. Shanklin, qui dirige la météorologie à la Commission antarctique britannique, n'est pas le seul chercheur qui tire des leçons du travail sur l'ozone. L'un des scientifiques qui ont préparé le terrain, Paul Crutzen, qui a reçu le prix Nobel de chimie pour son explication théorique des effets des CFC sur l'ozone, s'est déclaré en faveur de la «géo-ingénierie», une modification délibérée du climat par l'homme pour contrecarrer l'effet de serre, par exemple en diffusant dans l'atmosphère des particules réfléchissantes similaires à la poussière de volcan.

Mais M. Shanklin n'est pas d'accord avec cette thèse: «Je pense que c'est trop risqué. Ça pourrait être bénéfique pour une région mais pas pour une autre.» Le physicien britannique a découvert par hasard le trou dans la couche d'ozone. «Je travaillais à l'informatisation des analyses de données et j'ai choisi les taux d'ozone comme projet-pilote.»

Pour illustrer sa découverte, M. Shanklin a imaginé un graphique iconoclaste dans lequel les deux axes verticaux allaient croissant à gauche et décroissant à droite. Il a été «surpris» que la revue scientifique l'accepte. Peut-on faire un parallèle avec le «bâton de hockey» au coeur du «climategate»? «Non, parce que le bâton de hockey a finalement dû être modifié pour mieux refléter les données, dit M. Shanklin. Ça ne change rien aux conclusions, mais ça paraît mal. De notre côté, il n'y avait rien à changer, nous avions simplement trouvé une manière de présenter les données plus facile à comprendre.»