Des chercheurs allemands ont décodé le matériel génétique d'un ancêtre non identifié de l'homme qui a vécu en Sibérie, concluant qu'il pourrait appartenir à une nouvelle branche de l'arbre généalogique de l'humanité, selon une étude publiée mercredi dans la revue Nature.

L'ADN du fossile ne correspond pas à ceux de l'homme moderne et de l'homme de Neandertal, deux espèces qui ont vécu en Sibérie à peu près à la même période, entre 50 000 et 30 000 ans avant notre ère. L'étude suggère que l'espèce sibérienne s'est séparée de la branche qui a conduit à l'homme moderne et aux Néandertaliens il y a un million d'années. Ce pourrait donc être un nouvel ancêtre de l'homme, même si les chercheurs estiment qu'il est encore trop tôt pour l'affirmer.

L'espèce sibérienne n'est pas un ancêtre direct de l'homme moderne, précisent les chercheurs, qui espèrent déterminer à l'aide d'une autre analyse génétique s'il s'agit bien d'une nouvelle espèce. Certains experts doutent toutefois que cette analyse permettra de trancher la question.

L'étude a été menée notamment par Johannes Krause et Svante Paabo, de l'Institut Max Planck pour l'anthropologie évolutionnaire à Leipzig, en Allemagne. Les chercheurs ont décodé l'ADN d'un os d'auriculaire de l'espèce sibérienne découvert en 2008 dans la grotte Denisova, dans les montagnes de l'Altaï (sud de la Sibérie). Ils ont mis en évidence des différences avec l'ADN de 54 hommes modernes et de six Néandertaliens.

Leur analyse indique que le dernier ancêtre commun entre l'espèce sibérienne et l'homme moderne et l'homme de Neandertal a vécu il y a environ un million d'années. Ce qui signifierait qu'une migration auparavant inconnue s'est produite en provenance de l'Afrique à cette époque, selon les chercheurs.

L'étude a décodé l'ADN de mitochondries, les «centrales énergétiques» des cellules. Cet ADN diffère de l'ADN nucléaire, mieux connu, qui provient du noyau des cellules. M. Paabo a précisé que les chercheurs travaillent à décoder l'ADN nucléaire de l'espèce sibérienne. Cette analyse permettra, selon lui, de révéler un éventuel lien de parenté étroit avec les Néandertaliens ou l'homme moderne.

Sans une analyse complète de l'ADN nucléaire, «nous ne pouvons dire que c'est une nouvelle espèce», même si c'est probable, explique M. Paabo.

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