Des chercheurs américains ont entièrement séquencé le génome de malades et de membres de leurs familles, identifiant la cause génétique spécifique de leur maladie ce qui ouvre la voie à un recours accru à la génomique pour des traitements personnalisés.

La première recherche menée par le Dr James Lupski du Baylor College of Medicine au Texas (sud), à la fois chercheur et objet de l'étude, a permis de séquencer son propre génome et de déterminer précisément le gène responsable de la maladie de Charcot-Marie-Tooth (CMT) dont il souffre. Cette affection neurologique très rare entraîne des troubles de la marche et une déformation fréquente des pieds mais n'affecte pas l'espérance de vie.

«C'est la première fois que nous tentons d'identifier une mutation génétique responsable d'une maladie de cette manière», souligne le Dr Lupski, directeur adjoint du centre de recherche moléculaire et de génétique humaine du Baylor College of Medicine. Ces travaux paraissent dans le New England Journal of Medicine daté du 11 mars.

«Cela démontre que la technologie génomique est suffisamment solide pour pouvoir détecter les gènes à l'origine de maladies avec le séquençage complet du génome» et en déduire des informations cliniques permettant de développer des traitements ciblés, ce qui est «le but ou le rêve de la médecine génomique personnalisée», ajoute-t-il.

Le séquençage du génome du Dr Lupski a révélé différente mutations dans des copies du gène SH3TC2 transmis par ses parents qui ne souffrent pas de la maladie. Mais quatre de leurs enfants ont hérité de ces mutations et sont atteints de CMT.

«Je sais depuis 40 ans que je souffre de cette affection génétique récessive» mais maintenant «je sais quel est le gène responsable», poursuit le Dr Lupski dans un communiqué.

Avec son équipe, il avait identifié en 1991 la première copie d'un gène lié à la maladie de CMT. Depuis, les chercheurs ont découvert des mutations dans au moins 40 gènes impliqués dans ce syndrome mais aucune n'est responsable de la forme de CMT affectant le Dr Lupski et ses frères et soeurs.

La seconde étude, publiée jeudi dans la revue en ligne Science Express et conduite par l'Institute for Systems Biology à Seattle, a permis de séquencer le génome d'une famille de quatre membres, confirmant le rôle joué par quatre gènes dans deux maladies rares affectant les deux enfants.

Il s'agit du syndrome de Miller, caractérisé par des malformations faciales et des membres et de la dyskinésie ciliaire primitive affectant les cils vibratiles dans les voies respiratoires.

Les parents n'avaient aucune anomalie génétique mais étaient porteurs de gènes récessifs dont l'action ne se manifeste que lorsqu'ils sont présents sur chacun des deux chromosomes homologues.

Ces travaux relancent l'espoir d'applications génomiques cliniques étendues contre le cancer ou Alzheimer, et ce sept ans après le premier séquençage complet du génome humain en 2003 à un coût de 500 millions de dollars.

Depuis, moins de dix génomes ont été séquencés et tous de personnes en bonne santé, déplorent ces chercheurs.

Les avancées technologiques montrent qu'il est désormais possible de faire un séquençage du génome de malade à un coût plus abordable et de manière suffisamment précise pour mener des recherches cliniques. Le séquençage d'un des sujets de ces études a seulement coûté 50 000 dollars.

«Actuellement, nous connaissons seulement la fonction de 5 à 10% des quelque 25 000 gènes que compte l'ADN de chaque être humain, l'ADN étant le logiciel de la vie», souligne le Dr Lupski.