Des objets fabriqués par l'homme il y a 1,57 million d'années ont été mis au jour dans l'Hérault (sud de la France), ce qui fait remonter à 200 000 ans plus tôt la présence attestée des hominidés en Europe, a annoncé mardi le Muséum national (français) d'histoire naturelle.

A l'origine de la découverte, un habitant du village de Nizas, Jean Rouvier, récolte il y a une quinzaine d'années un lot d'os et de dents de mammifères sur la carrière de basalte de Lézignan-la-Cèbe. Il en fait part au début de l'été 2008 de manière fortuite à un chercheur du laboratoire Archéologie des sociétés méditerranéennes du CNRS, Jérôme Ivorra.

En examinant le site, les scientifiques trouvent sur place des os et des dents de bovidés, de cervidés, des restes d'un grand nombre d'équidés, et aussi d'animaux carnivores apparentés aux chats et aux chiens.

Mais surtout, ils trouvent, à une dizaine de mètres sous la surface de la couche basaltique, une vingtaine d'outils qui, pour la plupart, «portent des traces d'utilisation, parfois sans préparation du galet, pouvant faire office de percuteur», selon l'article publié dans la revue spécialisée Comptes Rendus Palevol par l'équipe de Jean-Yves Crochet.

La datation à l'argon 36 et 40 fait remonter les outils humains et les restes animaux à 1,57 million d'années.

L'existence de tels objets humains «est un fait rarissime en Europe à cette époque», soulignent les scientifiques.

Le nouveau site de Lézignan-sur-la-Cèbe est plus ancien que celui d'Atapuerca (Espagne, vieux de 1,2 à 1,1 million d'années) et probablement aussi que celui de Pirro-Nord (Italie), dont la datation, comprise entre 1,7 et 1,3 million d'années, est beaucoup moins précise.

Les premiers fabricants d'outils apparaissent en Afrique de l'Est il y a 2,5 millions d'années. Le peuplement humain de la Transcaucasie remonte à 1,8 million d'années.

«Une découverte aussi riche que celle de la vallée de l'Hérault offre une opportunité réelle de mieux comprendre l'Europe de cette période», estiment dans un communiqué commun le Muséum, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et le Collège de France.

«De nouvelles investigations sont planifiées dans le courant de l'année 2010 afin de préciser le contexte de cette ancienne occupation humaine de plein air», indique encore le communiqué.