Une espèce de singe forestier de Côte d'Ivoire, le mone de Campbell, émet six cris différents qu'il combine pour délivrer des messages, ce qui en fait la forme de communication animale la plus élaborée connue à ce jour, selon des travaux publiés cette semaine.

«Le mâle possède six types de cris d'alarme (Boom, Krak, Hok, Hok-oo, Krak-oo, Wak-oo) mais qu'il n'émet que rarement de manière isolée, préférant former de longues séquences vocales de 25 cris successifs en moyenne (chacune de ces séquences étant constituées de 1 à 4 types de cris différents)», résume jeudi un communiqué du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) français.

«En combinant ces cris, ces primates forment de longues séquences vocales leur permettant de délivrer des messages liés à leur vie sociale ou à divers dangers dont la prédation», rapporte le CNRS.

En analysant pendant deux ans les comportements et les cris des mones de Campbell dans le parc national de Taï en Côte d'Ivoire, Karim Ouattara et Alban Lemasson du Laboratoire d'éthologie animale et humaine de Rennes (ouest, Bretagne), ainsi que Klaus Zuberbühler, de l'université St Andrews en Ecosse ont repéré une forme de «proto-syntaxe», notamment chez les mâles de cette espèce.

Elle montrerait que «l'évolution d'une morphologie complexe a démarré tôt dans l'histoire des primates, longtemps avant l'émergence des hominidés», selon l'étude parue dans la revue PNAS de l'Académie des sciences américaine.

Les séquences et l'ordre de succession de celle-ci varient en fonction de message que le singe veut convoyer. Ils informent avec une grande précision sur le type de prédateur, par exemple s'il s'agit d'un aigle ou d'un léopard, et même sur le mode de détection, acoustique ou visuel, de celui-ci.

Les suites de cris peuvent aussi relayer des informations de nature sociale comme le regroupement avant un déplacement ou une rencontre avec un autre groupe de la même espèce.

Mais contrairement au langage humain, le nombre de messages différents produits reste assez limité et surtout, les mones de Campbell n'intègrent pas de dimension symbolique. Ainsi l'aigle n'apparaît que lorsqu'il est physiquement présent: les parents singes ne racontent pas d'histoires d'aigles à leurs enfants.