Ne pas faire fonctionner les éoliennes en cas de vent faible permet de réduire de 60% la mortalité des chauves-souris, sans pour autant avoir une grande incidence sur la production d'énergie, a expliqué vendredi à l'AFP un chercheur de l'université canadienne de Calgary.

Le professeur Robert Barclay, biologiste à l'université de Calgary, et une équipe de scientifiques avaient averti l'an dernier, qu'une hécatombe causée par la multiplication d'éoliennes pourrait, à terme, menacer les chauves-souris d'extinction, ce qui aurait un impact notable sur l'écosystème car ces animaux se nourrissent d'insectes nuisibles aux récoltes. «Depuis plusieurs années, à travers l'Amérique du Nord, et ailleurs, nous avions constaté qu'un grand nombre de chauves-souris mouraient à proximité des champs d'éoliennes», a dit à l'AFP le professeur Robert Barclay.

La cause principale de ces décès est le brusque changement de pression engendré par la rotation des pales, avait conclu en 2008 l'équipe canadienne.

«Nous avons donc essayé de trouver un moyen d'y remédier», a ajouté M. Barclay, dont les conclusions sont publiées dans l'édition de septembre de la revue scientifique américaine «The journal of wildlife management».

En coopération avec TransAlta, entreprise spécialisée dans cette énergie renouvelable, les scientifiques ont étudié le comportement des petits animaux dans un champ de 39 éoliennes situé à environ 200 km au sud de Calgary.

Leur période d'étude s'est étalée du 15 juillet au 30 septembre en 2006 et 2007, c'est-à-dire pendant la période de migration de ces mammifères vers le sud.

Ils ont constaté que lorsque la vitesse du vent est faible, les chauves-souris manifestent une activité accrue, mais sont également plus susceptibles de mourir autour des éoliennes.

«C'est logique: ce sont des animaux assez petits qui ne volent pas bien lorsqu'il y a beaucoup de vent», a dit le professeur Barclay. Or, les éoliennes produisent «la plus grande part de leur énergie lorsque le vent est fort, c'est-à-dire lorsque les chauves-souris ne volent pas», a remarqué le biologiste.

En conséquence, les chercheurs ont porté la vitesse de vent déclenchant le démarrage des pales de 4 m/s (14,4 km/h) à 5,5 m/s (19,8 km/h). «Nous avons comparé ces turbines expérimentales à celles fonctionnant normalement: la mortalité avait chuté de 60%», a expliqué M. Barclay.

Ces résultats sont d'autant plus encourageants que la nouvelle vitesse de référence n'engendre «qu'une chute relativement modeste de la production d'énergie», affirme-t-il.

Dans neuf cas sur dix, les chauves-souris retrouvées mortes près d'éoliennes montraient des signes d'hémorragie interne provoquée par un traumatisme résultant apparemment d'une chute soudaine de la pression de l'air, avaient conclu dans leur étude précédente les chercheurs de Calgary.

Bien qu'ils soient pourvus d'une sorte de radar leur permettant de détecter les objets alentours, tels les pales, ces animaux ne peuvent pas anticiper les variations de pression.

Chez les chauves-souris, comme chez les autres mammifères, les poumons sont comme des ballons souples dotés de parois fines reliées à des capillaires.