Des particules d'eau sont présentes sur la surface de la Lune, selon trois observations dévoilées mercredi, qui bouleversent de précédentes conclusions de la science selon lesquelles le sol lunaire serait sec à la possible exception de glace aux pôles.

La publication de ces travaux intervient deux semaines avant qu'une sonde lunaire de la Nasa n'aille s'écraser à dessein près du pôle sud de la Lune pour détecter ou non la présence d'eau dans l'analyse du nuage de poussière et de débris soulevé par l'impact.

Les auteurs de la première étude ont utilisé les données fournies par un instrument de la Nasa baptisé «Moon Mineralogy Mapper» ou M3, transporté à bord de Chandrayyan-1, premier satellite indien à avoir été placé sur orbite lunaire en 2008 et ayant cessé de fonctionner récemment.

Cet instrument de cartographie minéralogique de la Lune analyse la réflexion de la lumière du soleil sur la surface lunaire pour déterminer sa composition.

La lumière se reflète en longueurs d'onde différentes selon la nature des minéraux et les chercheurs peuvent utiliser ces variations pour déterminer la composition de la couche supérieure du sol de la Lune.

Le M3 a détecté une longueur d'onde lumineuse indiquant un élément chimique liant l'hydrogène et l'oxygène, expliquent les auteurs de ces travaux parus dans la revue américaine Science datée du 25 septembre.

Ils précisent que cela prouve la présence d'eau, formée de deux atomes d'hydrogène liés à un atome d'oxygène.

L'instrument peut seulement scruter les couches superficielles du sol lunaire, peut-être quelques centimètres sous la surface, précise Larry Taylor de l'Université du Tennessee (sud), un des co-auteurs de cette étude.

Jusqu'à cette découverte, les scientifiques avançaient la théorie, non prouvée, de la présence de glace dans des zones d'obscurité permanente au fond de cratères situés aux pôles et pensaient que le reste de la Lune était totalement sec.

Puisque les roches et les sols de la Lune contiennent environ 45% d'oxygène, il reste à déterminer d'où provient l'hydrogène observé par les instruments des trois sondes. Ces chercheurs pensent qu'il pourrait provenir des vents  solaires.

Le soleil émet constamment des particules, surtout des protons chargés d'atome d'hydrogène dans le processus de fusion nucléaire, qui bombardent le sol lunaire, expliquent-ils.

Selon les estimations de ces scientifiques il pourrait y avoir 25% d'eau par tonne de sol lunaire.

Les deux autres sondes sont équipées du même instrument que le satellite indien et ont produit le même résultat à savoir la signature chimique de présence de molécule d'eau.

Il s'agit du vaisseau américain Cassini qui avait effectué ses mesures il y a dix ans en croisant près de la Lune sur son chemin vers Saturne.

La troisième sonde, également américaine, était Deep Impact, lancée vers la comète Tempel-1 en 2005 pour la percuter avec un projectile de manière à analyser la poussière projetée par le choc.

Deep Impact s'était auparavant approchée de la Lune pour effectuer des mesures avec notamment un instrument similaire à ceux du satellite indien et de Cassini.

Les chercheurs ont analysé les données recueillies par ces deux dernières sondes et sont parvenus aux mêmes résultats.

Les échantillons de sol et de roches lunaires ramenés par les astronautes des missions Apollo il y a 40 ans contenaient des traces d'eau. Mais la plupart des conteneurs où ils se trouvaient n'étaient pas hermétiques, conduisant les chercheurs à conclure que ces particules d'eau, identiques à celles de la Terre, provenaient de l'humidité dans l'air.