Des variations génétiques dans une même région chromosomique sont liées à un risque de cancer du poumon multiplié de cinq à sept fois chez des personnes avec des antécédents familiaux de cette maladie qu'elles fument ou non, selon une étude parue mardi aux États-Unis.

«De nombreux fumeurs ne développent jamais un cancer du poumon ce qui laisse penser qu'il existe des différences génétiques avec ceux qui fument et développent ce cancer», observe le Dr. Ming You du centre Siteman du cancer à la faculté de médecine de l'université Washington à St Louis, le principal auteur de cette étude.

«Nous savons aussi que certaines familles ont une incidence élevée de cancer du poumon et si nous pouvons identifier les facteurs génétiques qui y sont liés il pourrait être possible de prévenir la maladie chez de telles personnes», poursuit-il, ajoutant que «cette région chromosomique pourrait bien être une partie clé du puzzle».

Ces chercheurs ont examiné 194 personnes avec des antécédents familiaux de cancer du poumon et ont comparé leur profil génétique avec celui de 219 sujets de plus de 60 ans sans antécédent de la maladie dans leur famille.

Seuls des blancs ont été examiné pour cette étude de manière à la rendre la plus uniforme possible en termes de population.

Des échantillons d'ADN provenant notamment du sang de chacun des participants ont été scannés pour détecter plus de 300 000 variations génétiques humaines connues.

Les chercheurs ont découvert plusieurs variantes génétiques fortement liées à des antécédents familiaux de cancer du poumon sur plusieurs chromosomes. Mais une concentration de variantes génétiques sur une portion du chromosome 15 s'est révélée avoir la relation la plus solide avec ce cancer.

En effet, cette concentration de variations génétiques a été le plus souvent associée chez les sujets de l'étude avec le cancer du poumon, ont découvert les auteurs de cette recherche.

Leurs analyses statistiques des données indiquent que les personnes avec des antécédents familiaux de cancer du poumon et ces variantes génétiques sur deux copies du chromosome 15 ont de 5,7 à 7,2 fois plus de risque de développer un cancer du poumon que les sujets dans le groupe de contrôle.

Cette région chromosomique est aussi le site de plusieurs gènes dont trois codent les protéines jouant un rôle dans l'accoutumance à la nicotine.

«Ces gènes jouent un rôle dans la prolifération et la mort cellulaire et sont aussi actifs dans les tumeurs cancéreuses du poumon», relève le Dr. You.

«Des recherches sont encore nécessaires pour établir leur rôle précis dans le développement du cancer du poumon et déterminer s'ils seraient de bonnes cibles pour mettre au point des thérapies», ajoute-t-il.

Le cancer du poumon est la première cause mortalité par cancer aux États-Unis avec 162 000 décès anticipés en 2008, selon le National Cancer Institute qui précise que la cigarette est responsable de 87% de ces morts.