La culture athlétique, les facteurs sociaux et économiques ne pouvant tout expliquer, c'est la piste génétique, entrevue dans les années 50, qui est désormais parcourue pour percer les secrets de la domination actuelle de la Jamaïque sur le sprint mondial.

Avec ses 2,7 millions d'habitants, l'île des Caraïbes, un point sur la carte du monde, n'avait pas vocation, statistiquement, à briller dans les courses brèves du programme d'athlétisme.

Alors on revisite le passé du pays de «la terre et de l'eau», de sa population composée essentiellement de descendants d'esclaves noirs d'Afrique occidentale.

«C'était des hommes costauds avec un pied adapté aux courses dans la savane, un pied très ouvert. Seuls les plus résistants de cette traite négrière survivaient à la traversée, et les planteurs de la Jamaïque avaient droit au meilleur choix car la première escale était leur île», rappelle Carlo Vittori, ex-entraîneur de sprint italien.

Mais, plus qu'à la force des muscles et à la sélection naturelle, Carlo Vittori croit en l'importance de l'éducation et à «la motivation psychique qui stimule les hormones et notamment le testostérone». M. Vittori, 78 ans, l'a démontré avec Pietro Mennea, sprinteur malingre du Sud de l'Italie qu'il a transformé en un recordman du monde du 200 m, dont le chrono de 19 sec 72 est resté la référence pendant 17 ans.