Une substance chimique jouant un rôle dans la mémoire de longue durée paraît également agir sur le mécanisme qui règle l'appétit, déterminant les probabilités de devenir obèse, selon une étude des Instituts nationaux américains de la santé (NIH) publiée mercredi.

Cette découverte a été faite dans le cadre d'une recherche sur une anomalie génétique rare responsable du syndrome de WAGR dû à l'absence de deux gènes dits WT1 et PAX6.

Mais certains de ces patients sont aussi parfois dépourvus d'une partie ou de la totalité d'une copie d'autre gène voisin des deux premiers et qui permet la production de la neurotrophine BDNF dérivée du cerveau.

Des expériences sur des animaux de laboratoire ont montré que cette substance contribuait à contrôler l'appétit et le poids. C'est ainsi que les souris dépourvues de ce gène avaient tendance à manger excessivement et à être obèses.

L'étude des NIH est la première à montrer que cette substance joue un rôle similaire important chez les humains.

«Ceci est une nouvelle voie prometteuse dans la recherche des mécanismes biologiques responsables de l'obésité», estime le Dr Duane Alexander, directeur de l'Institut national de la santé de l'enfant et du développement humain (NICHD), qui fait partie des NIH.

«Cette découverte pourrait aboutir au développement de nouveaux médicaments contrôlant l'appétit chez les patients pour qui les traitements existants sont inefficaces», ajoute-il dans un communiqué.

Dans l'étude des NIH, les chercheurs ont effectué des analyses génétiques de 33 patients atteints du syndrome WAGR qui se manifeste de différentes façons (tumeur des reins, absence d'iris dans l'oeil, anomalies du conduit urinaire, retard mental, etc...).

Au totak 19 ou 58% avaient une absence totale ou importante d'une copie du gène clé pour la production de neurotrophine dérivée du cerveau.

La totalité de ces dix-neuf patients étaient obèses et leurs taux sanguins de neurotrophine étaient environ 50% plus faible que chez ceux qui avaient deux copies du gène nécessaire à la production de cette substance, ont constaté les chercheurs.

Les sujets du groupe atteints du syndrome WAGR, mais pourvus du gène nécessaire à la production de neurotrophine dérivée du cerveau, n'avaient pas davantage de risque de devenir obèses dans l'enfance que dans la population générale, relève le Dr Joan Han, du NICHD principale auteur de ces travaux parus dans le New England Journal of Medicine daté du 28 août.

Selon le Dr Jack Yanovski, co-auteur de l'étude, la neurotrophine du cerveau agit apparemment de concert avec une variété d'autres substances qui règlent l'appétit et le poids dont surtout la leptine, une hormone qui signale la faim.

Il pense que la leptine déclenche indirectement la diffusion de neurotrophine dans l'hypothalamus, une partie du cerveau contribuant à contrôler l'appétit.