Des éléphants de mer (Mirounga leonina) équipés de capteurs océanographiques miniaturisés ont permis à une équipe internationale de prendre des mesures de la température et de la salinité de l'eau dans des zones de l'océan Austral recouvertes l'hiver par la banquise.

«Les éléphants de mer ont notamment permis d'augmenter de 30 fois les profils hydrographiques dans la zone de glace de mer», soulignent les chercheurs du Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN) et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) dans la dernière édition des Annales de l'Académie américaine des sciences (PNAS).

Les données recueillies ont ainsi permis «d'établir une cartographie (des différentes zones océaniques) au sud du 60e degré de latitude sud, et de déduire les taux de formation de glace en fonction des changements dans la salinité des eaux de surface de l'océan», soulignent les auteurs de l'étude, menée sous la conduite de Jean-Benoît Charrassin (MNHN).

«Nous n'avions jamais été capables auparavant de mesurer la quantité de glace de mer qui se forme réellement», s'est réjoui Steve Rintoul, scientifique au Centre de recherche australien sur le climat et les écosystèmes en Antarctique.

La compréhension de la banquise et de sa formation est capitale parce que «la glace de mer est importante pour le climat : elle est lumineuse et réfléchit l'énergie du Soleil. Aussi, avec une diminution de cette glace, la Terre absorbe plus d'énergie et a tendance à se réchauffer», a-t-il noté.

Ces observations au sud du 60e degré, ont complété les informations recueillies dans les zones plus abordables - entre les 40e et 60e degrés -, par des navires de recherches océanographiques ou des bouées.

Près de 60 éléphants de mer ont été équipés de balises Argos en 2004 et 2005 sur plusieurs îles sub-antarctiques, ramenant des données sur leurs zones de chasse en automne et en hiver dans la partie sur de l'océan Indien et le long de l'Antarctique (près de la péninsule et au nord de la Mer de Ross).

Un total de 16 500 profils de température et de salinité ont ainsi été acquis par ces mammifères qui plongent plus de 60 fois par jour et profondément (600 m en moyenne), parcourant une moyenne quotidienne de 60 km.

M. Rintoul a annoncé à la presse que les chercheurs avaient désormais pour projet de répéter l'expérience «avec, dans l'Arctique et l'Antarctique, un total de 160 phoques de différentes espèces, parce qu'elles vont dans des zones différentes pour se nourrir et apporteront donc des informations sur diverses parties des océans».