Les résistances psychologiques à la campagne en faveur de la circoncision pour lutter contre le sida ne sont pas si grandes qu'on l'avait craint, selon des études présentées lundi à la conférence mondiale contre le sida à Mexico.

Deux études effectuées au Kenya, en Ouganda et en Afrique du sud, ont prouvé que la circoncision réduisait de plus de 50% pour les hommes le risque d'être infecté.

Cette découverte a conduit à parler «d'un vaccin chirurgical», une méthode bon marché et sans risque pour protéger les hommes du sida.

L'Afrique sub-saharienne, où vivent les deux-tiers des 33 millions de séropositifs dans le monde, pourrait notamment profiter de cette méthode. Toutefois, cet enthousiasme a été tempéré par la crainte que la circoncision pourrait être refusée pour des raisons culturelles, religieuses, sexuelles, ou pourrait mener à l'abandon du préservatif.

Plusieurs chercheurs américains à la conférence de Mexico ont estimé que ces craintes pouvaient être en partie levées.

Une enquête au Kenya parmi des circoncis de fraîche date n'a pas prouvé une aggravation des comportements à risque.

«Ils peuvent même se réduire», a dit Robert Bailey, un épidémiologiste de l'université de l'Illinois, coauteur de l'étude kenyane qui a porté sur 1 319 individus récemment circoncis.

De même, une étude en Zambie conduite par Robert Bailey pour l'organisation non-gouvernementale Population Services International (PSI) a conclu que les hommes ne ressentaient ni douleur, ni disfonctionnement sexuel après une circoncision.

Pour Dvora Joseph, directrice à PSI, il y a de plus en plus de preuves que la circoncision doit jouer un rôle essentiel dans la panoplie des méthodes préventives.

«Nous demandons à la communauté internationale et à ses partenaires d'introduire la circoncision masculine où les taux de séropositivité sont élevés et où ceux de la circoncision sont bas - dans les pays d'Afrique de l'est et d'Afrique australe», a-t-elle dit.

Selon le chercheur français Bertran Auvert, qui a mené l'étude originale en Afrique du sud, la circoncision aurait pu éviter ou éviterait l'infection de 3,8 millions de personnes et 500 000 morts en Afrique sud-saharienne entre 2006 et 2016.

La circoncision est théoriquement efficace parce que le prépuce est un point d'entrée pour le VIH, car il est riche en cellules dites de Langerhans, un tissu que le virus pénètre facilement.