Deux greffes du visage, l'une réalisée en 2006 après l'attaque d'un ours et l'autre en 2007 en raison d'une tumeur de la face, donnent des résultats prometteurs, selon la revue médicale britannique The Lancet qui en publie la description détaillée dans son édition datée de samedi.

Ces greffes faites respectivement en Chine et en France sont les deuxième et troisième au monde après le succès de la 1re mondiale en France le 27 novembre 2005 sur Isabelle Dinoire, 38 ans, défigurée par son chien.

Dans les trois cas, les tissus transplantés provenaient de sujets décédés.

L'équipe du professeur Shuzhong Guo, directeur du département de chirurgie plastique de l'hôpital de Xijing dans la ville de Xi'an (nord-ouest) détaille ainsi le cas de Li Guoxing, âgé de 30 ans quand il fût attaqué par un ours en octobre 2004.

La greffe du 13 avril 2006 a duré 18 heures, incluant la connexion des vaisseaux, la réparation du nez, des lèvres, des sinus ainsi que d'autres structures de la face (notamment osseuses) profondément endommagées.

Trois épisodes de rejets aigus, survenus au 3e, 5e et 17e mois après la transplantation, ont été maîtrisés en adaptant le traitement anti-rejet.

Les sensations de froid et de chaud sur l'ensemble de la greffe ont été restaurées 8 mois après la greffe.

Les reins et le foie du patient fonctionnent normalement et il n'y a pas eu d'infection durant les deux années de suivi médical présentées.

«À présent le résultat général est bon, en dépit des quelques complications post-chirurgicales», notent les médecins chinois. Le patient «a accepté aisément son visage», précisent-ils.

Deux autres opérations (novembre 2006, avril 2007) ont permis d'améliorer son apparence.

Les médecins chinois relèvent des différences avec la première mondiale (greffe du triangle nez-lèvres-menton) d'ordre médical mais aussi concernant la plus grande gravité des blessures de Li (partie de la structure osseuse manquante, nerf facial très sévèrement lésé expliquant sa mauvaise récupération). Les différences thérapeutiques pourraient partiellement expliquer l'apparition d'un diabète chez Li et d'une hypertension chez la patiente française, selon eux.

Le Pr Laurent Lantieri (hôpital Henri Mondor-APHP région parisienne) relate pour sa part le cas de Pascal, 29 ans, défiguré par une tumeur d'origine génétique -une neurofibromatose, appelée maladie de Recklinghausen- et greffé le 21 janvier 2007.

Deux épisodes de rejets, au 28e et au 64e jour (ce dernier associé à une infection virale provenant du donneur) ont été surmontés. Un an après l'intervention, l'évolution fonctionnelle est bonne (motrice et sensorielle). Le patient, dont la récupération psychologique est excellente, a pu travailler à plein temps 13 mois après la transplantation.

Les docteurs Bernard Devauchelle (Amiens) et Jean-Michel Dubernard (Lyon) auteurs de la 1re mondiale de ces greffes partielles du visage appellent, dans Lancet, à la coopération entre équipes pionnières pour progresser.