La présence probable de perchlorate, une substance corrosive, dans des échantillons du sol martien analysés par des instruments de la sonde Phoenix, n'exclut pas l'existence d'une forme de vie sur Mars, a expliqué mardi le principal scientifique de la mission.

«Le perchlorate ne détruit pas les matériaux organiques dans des conditions normales» sur la Terre, a déclaré Peter Smith de l'Université d'Arizona (sud-ouest), le responsable scientifique de Phoenix, lors d'une conférence de presse téléphonique.

«En lui-même le perchlorate n'est ni bon, ni mauvais pour la vie», a-t-il ajouté, soulignant que certaines espèces de microbes vivent de l'énergie fournie par cet oxydant très soluble dans l'eau.

La Nasa avait tout d'abord révélé la présence de perchlorate, que l'on trouve à l'état naturel dans des zones très arides sur la Terre, dans un communiqué publié lundi soir sur son site internet.

Les analyses initiales d'échantillons du sol martien dans l'instrument MECA (Miscroscopy, Electroscopy and Conductivity Analyzer) de Phoenix n'avaient pas révélé la présence de cette substance.

«Les analyses initiales de MECA laissaient penser que le sol martien était très similaire à celui de la Terre et des analyses faites ensuite ont révélé des aspects de la chimie du sol de Mars différents de celui de notre planète», écrivaient alors les scientifiques de la mission.

Mais mardi, ces derniers ont insisté sur le fait que la découverte de perchlorate dans le sol martien, qui doit encore être confirmée définitivement par d'autres analyses, ne compromet en rien le caractère habitable de la planète rouge.

Lors d'une conférence de presse en juin, les scientifiques avaient dit qu'il serait possible de faire pousser des asperges dans le sol martien.

A la fin juillet, ils avaient aussi confirmé que la glace arctique de Mars était bien formée d'eau.

Peter Smith a aussi insisté sur le fait que l'équipe scientifique de Phoenix était encore loin d'avoir terminé ses travaux et d'avoir tiré les conclusions définitives.

«Nous n'avons pas encore terminé le processus, nous sommes environ à la m

oitié de la phase de collection des données», a-t-il souligné.

«Nous avons commencé mais pas encore fini les analyses des échantillons faites dans les laboratoires (de Phoenix) en utilisant nos modèles d'ingeniering», a ajouté le scientifique. «Nous en sommes encore au stade de l'examen des multiples hypothèses», a-t-il poursuivi.

La Nasa avait décidé fin juillet de prolonger la mission Phoenix de cinq semaines jusqu'au 30 septembre, au-delà des 90 jours initialement prévus.

La sonde Phoenix avait commencé à creuser des tranchées dans le permafrost martien à l'aide d'une pelleteuse robotique pour prélever des échantillons peu après s'être posée dans l'arctique de Mars le 25 mai.

Si les instruments de Phoenix ont détecté des nutriments essentiels à l'existence de la vie comme l'eau, le sodium, le potassium et le magnésium, ils n'ont pas encore découvert de matériau organique.