Le cheminement du virus de la grippe aviaire dans les communautés huttériennes de l'Ouest canadien pourrait aider à lever le mystère sur la façon dont la maladie se répand, affirme un groupe de chercheurs.

Les scientifiques, dirigés par le Dr Mark Loeb, de l'Université McMaster de Hamilton, espèrent qu'en étudiant ces communautés, ils pourront découvrir combien de temps les enfants et les adultes malades hébergent le virus.

Ils souhaitent déterminer le rôle joué par les porteurs sains du virus dans sa diffusion, ainsi que la fréquence à laquelle la maladie se transmet entre les humains et les porcs.

Selon le Dr Loeb, déterminer le cheminement du virus devrait être plus facile au sein des communautés huttériennes puisque les contacts entre les huttériens et les étrangers sont limités.

La communauté huttérienne est issue d'une secte protestante fondée dans le sillage du mouvement anabaptiste qui s'est développé en Suisse au 16e siècle.

Les huttériens pratiquent l'agriculture communautaire en petites colonies de 80 à 120 personnes et vivent à l'écart des villes.

De plus, ces communautés comptent un grand nombre de jeunes - près d'un tiers de leurs membres sont des enfants. Selon le Dr Loeb, cela permettra de déceler plus facilement le mode de transmission du virus entre enfants et adultes.

Il est établi que les enfants jouent un rôle clé dans la transmission du virus. Si on pouvait contenir l'expansion de la maladie chez les jeunes, on pourrait réduire le nombre de malades chez les adultes, et notamment chez les plus vulnérables comme les personnes âgées.

Le Dr Loeb et son équipe suivent plusieurs colonies huttériennes en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba.

Une nouvelle étude va s'amorcer auprès des membres d'une dizaine de communautés de l'Alberta. Ces recherches bénéficient d'un financement de 1,6 million $ attribué par la Fondation pour la recherche en santé, les Instituts de recherche en santé du Canada et l'Agence canadienne d'inspection des aliments.

Les scientifiques s'intéresseront au cas des porteurs sains. La composition moléculaire de leur virus sera comparée à celle des personnes malades avec lesquelles ils auront été en contact. Le but est de savoir si ces porteurs sains ont infecté ou non ces malades.

Le Dr Loeb et ses collègues s'efforceront également de découvrir si une immunisation répétée influence la façon dont le système immunitaire fabrique des anticorps afin de se protéger du virus contenu dans le vaccin Les chercheurs espèrent aussi que des tests génétiques permettront d'établir pourquoi certaines personnes sont plus vulnérables au virus que d'autres.