Des neurochirurgiens de l'Hôpital de l'Enfant-Jésus ont récemment implanté à un premier patient québécois un dispositif de stimulation nerveuse qui pourrait traiter la paralysie partielle du pied résultant d'un accident cérébrovasculaire.

Le patient, dans la soixantaine, souffrait du problème du «pied tombant», qui frappe environ un quart des personnes ayant subi un ACV et nuit aux déplacements en plus d'augmenter les risques de chutes.

Il a pu quitter l'hôpital au lendemain de la chirurgie, qui s'est déroulée il y a une dizaine de jours. Il devra, au cours des prochaines semaines, se familiariser avec le fonctionnement du Neurostep, un appareil fabriqué par l'entreprise Victhom (TSX:VHB), dont le siège est à Québec.

L'intervention a permis d'insérer le neuromodulateur dans la cuisse du patient, au-dessus du genou, a indiqué mardi, lors d'une conférence de presse, le neurochirurgien Jean-François Turcotte, responsable de l'opération.

Des électrodes installées sur les nerfs détectent les mouvements du pied et envoient des stimulations permettant à l'extrémité de se soulever, a-t-il affirmé.

«C'est une chirurgie assez simple et le patient s'est rapidement remis de sa chirurgie dans les heures suivant son anesthésie», a dit le docteur Turcotte.

D'autres essais sur la sécurité et l'utilité de l'appareil doivent encore être effectués avant qu'il puisse obtenir les autorisations réglementaires obligatoires et être disponible de manière plus large.

Le neurochirurgien Michel Prud'Homme, responsable du projet à l'Enfant-Jésus, s'est montré optimiste quant aux retombées du neuromodulateur. Selon lui, les patients devraient pouvoir se déplacer plus normalement et avoir moins de risques de chute entraînant des fractures.

Il a toutefois expliqué qu'il était difficile de prévoir avec certitude quand toutes les démonstrations cliniques et réglementaires pourront mener à la commercialisation du Neurostep, dont la valeur pourrait osciller entre 15 000 $ et 35 000 $.

«Il y a toujours des impondérables et selon les résultats, Santé Canada et les autres agences gouvernementales vont peut-être demander des précisions et c'est pourquoi il est difficile de dire, au moment où on fait l'étude, si on va pouvoir en vendre», a-t-il dit lors d'une conférence de presse à l'hôpital.

Le gouvernement devra aussi évaluer les impacts des coûts par rapport aux bénéfices pour déterminer si l'opération doit être remboursée par l'État, a affirmé le docteur Prud'Homme.

«Si on diminue le risque de fracture de la hanche, on peut diminuer les coûts sur le système de santé, a-t-il dit. On peut aussi améliorer l'impact, s'il y a des personnes qui peuvent retourner travailler, sur la société en général.»

À la suite d'un trouble neurologique venant du cerveau ou de la moelle épinière, les patients présentent souvent des séquelles dont ils récupèrent partiellement.

L'une d'elles est le «pied tombant», une faiblesse qui atteint plusieurs dizaines milliers de personnes au Québec ayant subi un ACV, a dit le docteur Prud'Homme.

Dans le cadre de recherches en cours au Canada, en Grande-Bretagne et en Inde, un premier neuromodulateur a été implanté chez un patient d'une clinique de Vancouver, en décembre dernier.

Victhom estime que le marché international potentiel se compose de 2 millions à 3 millions de patients souffrant du problème du «pied tombant».

Le président intérimaire et chef de la direction financière de l'entreprise, Normand Rivard, n'a pas voulu faire de projections quant aux ventes potentielles du dispositif, que Victhom prévoit commencer à commercialiser en Europe dès 2009.

À la Bourse de Toronto, mardi, le titre de la société était en progression de 1,5 cent, soit plus de 12 pour cent, et se transigeait à 13,5 cents.