Le 24 avril dernier, le quotidien britannique The Independent a lancé un pavé dans la mare de la recherche scientifique en demandant: «Le temps est-il venu de laisser tomber la recherche pour trouver un vaccin contre le sida?»

La question s'appuyait sur un sondage mené par le journal auprès de 35 grands chercheurs britanniques et américains sur le sida. Chez eux, l'optimisme était en berne; les deux tiers ne voyaient pas la possibilité de créer un vaccin avant 10 ans.

Depuis la découverte du virus, en 1983, des sommes colossales ont été consacrées à la mise au point d'un vaccin. Devant l'enfilade de résultats décevants, d'aucuns ont commencé à murmurer qu'il serait peut-être plus avantageux de consacrer les fonds à la fabrication de médicaments et à la prévention.

Le Dr Rafick-Pierre Sékaly rejette catégoriquement cette idée. «On ne peut pas se permettre d'arrêter», dit-il en évoquant les ravages causés par le sida dans les pays pauvres. «En Afrique, l'absence de vaccin risque de se traduire par des villages entièrement décimés.»

La morosité qui s'est emparée des chercheurs est survenue à la suite de la décision, en septembre 2007, du laboratoire Merck de stopper les essais d'un vaccin qui suscitait beaucoup d'espoir. Celui-ci visait à bloquer le processus d'infection en stimulant la sécrétion de lymphocytes (un type de globule blanc) chargés de tuer le virus dès leur entrée dans l'organisme. Il se distinguait des vaccins traditionnels qui stimulent la réponse immunitaire en fabriquant des anticorps.

Selon le Dr Sékaly, une des raisons expliquant l'échec des vaccins traditionnels vient du fait qu'on a essayé de stimuler un nombre limité des fonctions de la réponse immunitaire au virus du VIH. «Avec les avancées de la génomique, il faut en arriver à stimuler toutes les fonctions de la réponse immunitaire», dit-il.

C'est là-dessus qu'il planche avec son équipe. Les résultats de ses recherches seront présentés à Mexico.

Le sida en quelques chiffres

PERSONNES VIVANT AVEC LE VIH DANS LE MONDE : 33 millions

PARMI LES PERSONNES ATTEINTES : 67% VIVENT EN AFRIQUE environ 50% SONT DES FEMMES

NOUVEAUX CAS EN 2007 : 2,7 millions

NOUVEAUX CAS EN 2006 : 3 millions

NOUVEAUX CAS D'ENFANTS INFECTÉS EN 2007 : 370 000

NOUVEAUX CAS D'ENFANTS INFECTÉS EN 2006 : 410 000

DÉCÈS LIÉS AU SIDÀ EN 2007 : 2 millions

DÉCÈS LIÉS AU SIDÀ EN 2006 : 2,2 millions

PERSONNES ATTEINTES AU CANADÀ : 58 000

GROUPE TOUCHÉ DE FAÇON DISPROPORTIONNÉE AU CANADÀ : Autochtones

Source : Rapport de l'ONUSIDÀ pour 2007 et Société canadienne du sida