Une mystérieuse maladie qui a déjà tué des dizaines de milliers de chauves-souris du nord des États-Unis pourrait toucher celles du Québec, craignent deux biologistes du ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) du Québec.

Le «syndrome du museau blanc» emporte près de 90% des animaux infectés, qui sont identifiables en raison des champignons qui se forment sur leur museau et leurs ailes.

On ignore pour l'instant tout de cette étrange maladie, détectée il y a deux ans dans l'État de New York. Depuis, des chauves-souris infectées ont été retrouvées au Vermont, au Massachusetts et au Connecticut.

«Plus d'un demi-million de chauves-souris pourraient mourir ainsi aux États-Unis», croit Scott Darling, du ministère de la Faune et des Pêches du Vermont. «Ce qui fait le plus peur, c'est qu'on n'a jamais vu ça. On ne connaît aucune cause et donc aucun remède.»

Les biologistes du MRNF ont poussé un soupir de soulagement lorsqu'ils ont constaté, fin avril, que les populations de chauves-souris du Québec n'étaient pas atteintes. Pour ce faire, ils ont visité quatre anciennes mines du sud de la province. Ils feront de même l'hiver prochain.

Mais l'arrivée du syndrome au Canada n'est pas à écarter, précise le biologiste Frédérick Lelièvre. «En deux ans, la progression de la maladie a été très importante, notamment vers le nord. Mais comme on ne connaît pas la cause, on ne peut pas vraiment s'y préparer. Quand on connaîtra le pathogène, on pourra mieux réagir.»

«S'il arrivait quelque chose, ces populations pourraient vraiment s'effondrer», affirme le biologiste Jacques Jutras. Plusieurs des espèces de chauves-souris présentes au Québec sont en voie d'être identifiées comme vulnérables, soutient l'expert.

La disparition de ces insectivores pourrait avoir des effets dévastateurs, puisqu'une chauve-souris peut consommer jusqu'à 450g (1 lb) d'insectes par semaine. Selon Scott Darling, les populations de vermine pourraient alors exploser.