Un des aspects les plus déplaisants du gouvernement conservateur est son refus de débattre intelligemment de l'impact de ses politiques sur les Canadiens. Au lieu de répondre aux objections, il fait comme si elles n'existaient pas. Je prendrai ici l'exemple des pensions.

Le gouvernement Harper affirme qu'en raison du vieillissement de la population, les Canadiens ne pourront pas se payer, à terme, le programme de la Sécurité de la vieillesse. Il prétend que pour assurer la viabilité de ce programme, il faudra soit en réduire les prestations, soit en faire passer l'accès de 65 à 67 ans.

Rappelons que ce programme offre des prestations de 540$ par mois pour les bénéficiaires dont les revenus annuels n'excèdent pas 70 000$. Le gouvernement conservateur affirme que les contribuables canadiens ne sont pas assez riches pour garantir un tel revenu mensuel à leurs aînés.

Voici une série de questions auxquelles le gouvernement n'a même pas essayé de répondre.

Le vieillissement est un phénomène connu depuis longtemps. Toutes les informations pertinentes étaient disponibles lors de la dernière campagne électorale. Pourquoi les conservateurs ont-ils dissimulés leurs intentions à l'époque? Pourquoi M. Harper a-t-il promis en 2005 de ne pas réduire les prestations fédérales pour les aînés? Pourquoi cette nouvelle promesse rompue?

Le gouvernement sort toujours les mêmes chiffres, repris encore récemment dans un discours de la ministre Diane Finley: le coût annuel de la Sécurité de la vieillesse devrait passer de 36,5 milliards à 108 milliards d'ici 2030. Mais l'opposition et quantité d'experts ne cessent de lui répondre que ces chiffres ne veulent rien dire si l'on ne les met pas en parallèle avec la taille de l'économie, laquelle va aussi croître lors des deux prochaines décennies.

Le Bureau de l'actuaire en chef du Canada prévoit que le coût des prestations fédérales aux aînés par rapport au Produit intérieur brut, qui est actuellement de 2,2%, atteindra un sommet de 3,1% du PIB en 2030, puis baissera par la suite.

Le Directeur parlementaire du budget en arrive à peu près aux mêmes chiffres: le coût des prestations fédérales aux aînés atteindra 3,2% en 2036, puis baissera par la suite.

Le ministre des Finances est-il d'accord avec ces chiffres? S'il est exact que le coût de la Sécurité de la vieillesse ne va croître que d'un point de pourcentage en 20 ans par rapport à la taille de notre économie, il s'ensuit que ce programme est viable à long terme.

Dans un rapport couramment cité, intitulé «L'offre des revenus de retraite au Canada: perspective internationale», l'OCDE chiffre les dépenses publiques pour les pensions au Canada à 4,5% du PIB, un pourcentage beaucoup plus bas que la moyenne de l'OCDE (7,4%). L'OCDE prévoit qu'en 2060, les dépenses publiques pour les pensions représenteront 6,2% du PIB au Canada. Donc, en termes relatifs, les prestations pour les aînés coûteront moins cher aux contribuables canadiens dans 50 ans qu'il n'en coûte à la moyenne des contribuables de l'OCDE... aujourd'hui!

L'OCDE en conclut que la viabilité des régimes de pension publics ne pose pas de défis majeurs au Canada. Elle ajoute qu'aucune pression financière prévisible ne justifie que l'on retarde l'âge d'accès aux prestations de retraite.

Le Bureau de l'actuaire en chef, le directeur parlementaire du budget et l'OCDE se trompent-ils tous? Si le gouvernement le pense, qu'il sorte ses chiffres!

Des réponses, s'il vous plaît! Les Canadiens y ont droit.