Directeur à HEC Montréal, l'auteur réplique à la chronique de Lysiane Gagnon intitulée «HEC: English spoken here», qui a été publiée mardi dernier.

HEC Montréal s'apprête à offrir en anglais une option (Global Supply Chain Management) de son programme de M.Sc., une option qui existe déjà en français, parmi 19. L'école offre aussi un programme de premier cycle avec trois cheminements: français, bilingue et trilingue. Lysiane Gagnon soutient, dans sa chronique du 28 février, qu'avec ces ajouts, HEC Montréal s'engagerait dans une anglicisation progressive et qu'elle est motivée par une soif de clientélisme.

Rien n'est pourtant plus éloigné de l'intention de HEC Montréal et de la réalité. Voyons pourquoi.

Nous proposons à nos étudiants des cheminements multilingues, des échanges internationaux et des projets supervisés à l'étranger pour répondre à un objectif bien précis: la relève québécoise mérite une excellente formation qui la prépare à affronter une concurrence de plus en plus mondialisée.

Nous les encourageons donc à s'ouvrir au monde. Annuellement, environ 400 étudiants vont étudier un trimestre dans une autre grande école internationale. Inversement, l'offre de cours dans d'autres langues, soit l'anglais et l'espagnol, nous permet d'en accueillir autant à Montréal, provenant d'une centaine d'écoles de gestion internationales. Un programme d'échanges si imposant exige une telle offre de cours.

Mais nous voyons plus loin encore. HEC Montréal se fait aussi un devoir d'offrir aux différentes communautés linguistiques, d'ici et d'ailleurs, des cheminements facilitant l'intégration d'étudiants dont le français n'est pas la langue maternelle. Nous observons que plusieurs étudiants étrangers souhaitent connaître le Québec, et même s'y installer. Si nous ne mettons pas en place les structures d'accueil facilitant leurs études et leur intégration, un établissement comme le nôtre les perdra, à terme, au profit d'universités anglophones. Est-ce cela que l'on souhaite?

Toutes les formations offertes par l'école à Montréal peuvent être suivies en français, y compris la nouvelle option offerte en anglais, à la M. Sc.

Quant au baccalauréat, un niveau de compétence suffisant en français est exigé de l'étudiant, pour les cheminements bilingue et trilingue, dès l'entrée; il sera de nouveau évalué durant le programme d'études jusqu'à ce que le seuil de réussite fixé soit atteint, puisque la maîtrise du français est une condition d'obtention du grade.

L'école a été le premier établissement universitaire québécois à se doter d'une Direction de la qualité de la communication, qui veille notamment à la pleine maîtrise du français chez nos étudiants, en sus du cursus de gestion. C'est ainsi que tous nos étudiants, québécois ou étrangers, ont accès à des mesures de soutien appropriées, à des cours de français des affaires, à des cours d'appoint de français et à une aide à la rédaction scientifique (travaux, articles, mémoires, thèses) en français.

Loin de favoriser une anglicisation, notre stratégie renforce le français au Québec, attire chez nous des Québécois francophones (et bon nombre d'étudiants étrangers) qui auraient pu choisir d'étudier en anglais (au Québec ou ailleurs) afin d'obtenir l'assurance de maîtriser plus d'une langue, condition essentielle de la pratique du commerce au 21e siècle.

Notre vision se veut inclusive. L'école invite tous les Québécois au dépassement pour qu'ils fassent leur marque dans le monde de la gestion à l'échelle internationale. Elle propose aussi aux étudiants étrangers de profiter d'un savoir-faire, en enseignement et en recherche, unique dans la francophonie. Une vision qui, j'en suis persuadé, fait rayonner le Québec dans le monde.