Dans un article intitulé «Un comité pour attiser la flamme (souverainiste)», publié dans La Presse du 20 février, il est écrit: «Le premier mandat de ce groupe des 12 sur la souveraineté sera de dépoussiérer les principales études faites sur la souveraineté. Ils disent en avoir dénombré 148, dont le rapport de la commission Bélanger-Campeau qui avait recommandé la souveraineté-association».

J'ai été un membre très actif de la commission Bélanger-Campeau en qualité de président du Conseil du patronat du Québec, et jamais la commission n'a recommandé la souveraineté-association. Tel n'était pas d'ailleurs le mandat que j'avais du CPQ.

Je ne blâme pas La Presse de faire cette affirmation, parce qu'elle vient des porte-parole du groupe des 12. Ce n'est pas la première fois d'ailleurs que j'entends des tenants de la souveraineté conclure que la commission Bélanger-Campeau a opté pour la souveraineté-association. C'est faux.

On lit bien d'ailleurs, dans le Journal des débats de l'Assemblée Nationale du 27 mars 1991, les propos suivants de M. Jacques Brassard, alors député péquiste de Lac-St-Jean:

«Sur le fond des choses, c'est-à-dire sur le choix d'un statut pour le Québec, il n'y a pas eu de consensus. Il n'y en a jamais eu. Il n'y en avait pas au départ et il n'y en a pas eu à l'arrivée. Je pense qu'il faut le reconnaitre honnêtement. C'est apparu de façon très nette, très manifeste, à l'occasion du vote de lundi dernier que nous avons tenu sur un amendement présenté par le Parti québécois... qui aurait fait en sorte que la Commission aurait choisi la souveraineté comme statut futur du Québec. Le vote a été de 15 en faveur de la souveraineté, 17 contre la souveraineté.»

Peut-on être plus clair? À la fin des travaux de la commission, les deux options, le fédéralisme renouvelé et la souveraineté-association, sont demeurées sur la table. Donc, aucun appui de la commission à la souveraineté-association.

Il y a eu consensus cependant sur une démarche à deux volets dans la foulée du rapport Allaire (du nom du fondateur de l'ADQ). Le Québec demanderait d'abord à Ottawa de lui faire une proposition constitutionnelle globale que M. Bourassa s'engageait à soumettre à une commission parlementaire de l'Assemblée nationale. Advenant le rejet de ces offres fédérales, le gouvernement québécois tiendrait un référendum sur la souveraineté-association.

Le plan de match s'est déroulé exactement comme prévu. Le fédéral a soumis ses propositions qui ont conduit au référendum de Charlottetown en 1992. Lors de ce référendum, les Canadiens, y compris les Canadiens-québécois ont refusé les propositions.

Quelques années plus tard, en 1995, toujours dans la démarche proposée par la commission Bélanger-Campeau, le Québec a alors tenu un référendum sur la souveraineté-association, auquel les Québécois ont également répondu non.