Ministre d'État à la Petite entreprise et au Tourisme, l'auteur réplique à l'éditorial de Vincent Brousseau-Pouliot intitulé «La leçon d'économie de Maxime Bernier», publié le 18 février.

Dans son éditorial, Vincent Brousseau-Pouliot s'attaque à ce qu'il considère des généralisations et des omissions factuelles dans mon récent texte d'opinion du National Post sur la théorie économique keynésienne.



Il est difficile de ne pas généraliser et de ne rien omettre dans une courte opinion. Je plaide donc en partie coupable. Malgré cela, les faits qu'il avance pour me critiquer ne font que confirmer ce que j'écrivais.

Il est vrai que l'économie américaine a connu une rechute en 1937-1938 après que le gouvernement Roosevelt eut mis fin à plusieurs années de hausses très rapides des dépenses et procédé à certaines compressions budgétaires. Il a également raison de noter qu'une récession a eu lieu en 1946-1947, lorsque le gouvernement américain a réduit ses dépenses des deux tiers après la fin de la guerre.

La croissance artificielle engendrée par des dépenses étatiques inconsidérées (ou par trop de création monétaire) aboutit toujours à un krach. Cette explication est au coeur de la théorie des cycles économiques de Friedrich Hayek et d'autres penseurs de l'École autrichienne d'économie.

Lorsque le gouvernement cesse de gonfler artificiellement l'économie, celle-ci doit se réajuster. Les facteurs de production doivent quitter les secteurs déficitaires pour aller vers les secteurs où il y a une demande réelle et un besoin de nouveaux investissements. Ce réajustement entraîne nécessairement un ralentissement économique temporaire ou une récession.

Cela ne contredit absolument pas mon argument central qui est qu'il est impossible d'atteindre une croissance durable avec plus de dépenses publiques et plus de dettes.

L'éditorialiste note que durant la récession de 1937-1938, le taux de chômage est passé de 14,3% à 19,0%. N'est-il pas étonnant qu'après plusieurs années de New Deal et de budgets en forte croissance, le chômage se situait toujours au niveau catastrophique de 14%? M. Brousseau-Pouliot omet de nous expliquer pourquoi les politiques keynésiennes de Roosevelt n'ont pas réussi à remettre tous ces Américains au travail.

Il prétend aussi que ce sont des «déséquilibres sur plusieurs marchés» qui expliquent la croissance anémique du Japon depuis 20 ans, et non les plans de relance à répétition du gouvernement japonais. Justement, selon la logique keynésienne, des dépenses publiques massives auraient dû contrer ces déséquilibres et entraîner une croissance économique forte. Ça n'a pas marché.

Après une récession ayant permis à l'économie de se réajuster, la croissance a au contraire été forte et durable aux États-Unis à partir de 1948. Le contraste est frappant avec la situation au Japon.

M. Brousseau-Pouliot n'a rien à dire sur la récession de 1920-1921 que j'évoquais, qui a été extrêmement sévère mais de courte durée. La reprise s'est manifestée rapidement et le chômage est passé de 12% à 2% après une réduction de la moitié des dépenses du gouvernement américain. Cet exemple historique contredit clairement la logique keynésienne.

Qu'est-ce qui est préférable: une récession à court terme suivie d'une croissance forte et durable, ou bien une stagnation qui se poursuit pendant des années?

M. Brousseau-Pouliot, comme tous les partisans de l'interventionnisme étatique, croit que le gouvernement peut «relancer» l'économie en s'appropriant plus de ressources. Je pense au contraire que ce sont les entrepreneurs qui créent la richesse. Et que plus le gouvernement dépense, moins il reste de ressources disponibles pour leur permettre de le faire.

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Des excès dévastateurs

Vous me demandez ce qui est préférable? Une hausse temporaire des investissements publics durant une récession pour en amoindrir l'ampleur et les conséquences. Par exemple, durant le New Deal, le taux de chômage a diminué chaque année (de 28,6% en 1932 à 14,3% en 1937). Libre à vous de citer en exemple le modèle économique des années 1920, mais ses excès ont grandement contribué à la Grande Dépression. Une question en terminant: s'il est «impossible d'atteindre une croissance durable avec plus de dépenses publiques et plus de dettes», pourquoi le gouvernement Harper a-t-il haussé la dette fédérale de 457 milliards (29,9% du PIB du pays) en 2007-08 à une prévision de 586 milliards (34,4% du PIB) en 2011-12?

Vincent Brousseau-Pouliot