J'ai beaucoup hésité avant de vous écrire cette lettre, mais les dernières décisions anti-démocratiques de la direction de l'ADQ me poussent à le faire. C'est en me rappelant notre sortie de l'exécutif du Parti libéral du Québec, vous, Mario, Marie-Claude, Dany et moi, et la fondation de l'ADQ, que je vous écris cette lettre.

Vous souvenez-vous comment le PLQ s'y est pris pour passer dans la gorge des membres l'entente de Charlottetown? Un vote rapide afin d'étouffer toute contestation. Vous rappelez-vous comment nous trouvions déplorables les jeux de coulisses, les promesses de postes assurant l'avenir de certains, les décisions derrières des portes closes, la désinformation des membres que l'affaire Wilhelmy-Tremblay avait confirmé?

Eh bien, voilà, je ne comprends pas. Vous qui avez tant décrié à l'époque cette façon de faire, vous qui étiez l'image même de l'homme droit et incorruptible. En avalisant un processus de votation sur la prise de contrôle de l'ADQ par la CAQ, vous êtes aujourd'hui partie prenante des mêmes jeux de coulisse, décisions derrière des portes closes et non-respect des membres de l'ADQ.

Vous avez déclaré le soir de la décision de l'exécutif de l'ADQ que c'était sain dans un parti d'avoir des débats. Mais vous avez décidé, du même souffle, d'un processus de votation qui empêche le débat en appuyant le fait que les tenants du non n'aient pas accès à la liste de membres, en refusant qu'il y ait un argumentaire dans l'envoi aux membres et en refusant la présence de représentants lors du dépouillement des votes.

Un parti politique n'appartient pas à ses dirigeants ou à ses députés, mais bien à ses membres. En ce sens, que des gens considèrent qu'il est préférable de changer d'allégeance c'est une chose, mais que ces mêmes personnes jouent le rôle de fossoyeurs d'un parti pour augmenter leur valeur marchande auprès du leader d'une autre formation politique, c'en est une toute autre. Vous êtes-vous posé la question? François Legault serait-il intéressé par les gens de l'ADQ si ces gens se joignaient à la CAQ sans faire mourir l'ADQ?

Ce qui nous animait lors de la fondation de l'ADQ, c'était entre autres qu'une nouvelle voix se fasse entendre afin d'élever le débat politique et de favoriser une saine démocratie en offrant aux Québécois une autre avenue politique. Faire mourir un parti n'aide en rien la démocratie!

Et ne me dites pas qu'il faut se regrouper pour ne pas diviser le vote. Cette sempiternelle rhétorique a tellement coûté cher à l'ADQ à ses débuts que j'ai peine à m'imaginer que cette raison soit évoquée par des fondateurs de l'ADQ aujourd'hui.

Cette lettre ne vous fera peut-être pas changer d'idée sur votre volonté de vous joindre à la CAQ, mais de grâce, ayez au moins l'obligeance de respecter les droits des membres et les règles élémentaires de démocratie.