Durant les 11 derniers mois, pour mettre fin à une crise familiale qui durait depuis plusieurs années, notre fils aîné a vécu dans un foyer de groupe du Centre jeunesse de Montréal.

Après une réflexion difficile, pour lui donner un encadrement que nous n'arrivions plus à lui offrir, et parce que nous étions épuisés, nous avons pris cette décision. Avec beaucoup d'appréhension, avec tous nos préjugés face aux services publics dont tout le monde se plaint tellement.

Presqu'un an plus tard, alors que notre garçon revient à la maison de plus en plus souvent et que son retour complet est prévu d'ici quelques semaines, nous constatons que c'est la meilleure chose que nous pouvions faire. Pour lui et pour nous.

Nous avons eu l'immense joie de participer à la fête de Noël de son foyer. J'ai envie de crier au monde entier le sentiment de reconnaissance qui m'habite. J'ai surtout envie de signaler tout ce que j'ai pu observer de fondamentalement beau.

Il y a dans ce foyer neuf garçons de 12 à 17 ans. Notre fils a la chance d'avoir une famille présente et aimante. Les éducateurs font un travail remarquable avec lui. Durant cette fête de Noël, les jeunes ont travaillé pour l'accueil, la préparation des lieux, le service à la table, et je n'ai vu que du beau.

Il n'y a pourtant pas de magie. Mon fils souffre encore de ce que nous appelons une maladie mentale. Certains des autres garçons ont tous des troubles de comportement et d'adaptation. C'est la réalité. Autant cette réalité peut mener au désespoir, à l'envie de tout abandonner, autant elle peut être récupérée et orientée positivement, avec de l'aide. Cette aide que je suis contente d'avoir su aller chercher nous a été d'un secours sans nom.

Tout n'est pas gagné, et honnêtement, mon conjoint et moi ne savons pas ce que nous réserve l'avenir. Mais dans le moment présent, nous pouvons dire que le Centre jeunesse nous a sauvé la vie. D'une part en nous permettant de reprendre notre souffle, mais aussi en mettant à notre disposition un service de présence, d'écoute, de soutien à distance pour les moments où notre grand revenait à la maison.

On peut voir tout ce qui ne tourne pas rond dans la société, c'est facile: c'est tellement flagrant.

Mais on peut aussi passer une soirée avec des garçons hypothéqués au possible, dans un foyer de groupe au coeur de Montréal, et voir toutes les possibilités qui s'offrent à eux pour l'avenir.

Tout n'est finalement pas aussi mal foutu qu'on voudrait bien le croire dans les services gouvernementaux. On peut choisir d'avoir foi en l'avenir, même quand tout nous laissait croire, il y un an, qu'il n'y en avait pas.