La Régie des marchés agricoles du Québec a récemment statué que le prix du lait au détail au Québec n'augmentera que légèrement en 2012. À l'instar d'une année précédente où les consommateurs québécois ont dû absorber deux hausses de prix plutôt qu'une durant cette même période, cette décision arrive à point. Le prix du lait en 2011 a augmenté de 6.1%, une augmentation nettement supérieure à l'inflation. Plusieurs Québécois ignorent que le prix du lait québécois au détail est généralement de 15% à 20% plus cher qu'ailleurs au Canada. La différence est plus significative avec les États-Unis. D'ailleurs, depuis 2002, le prix du lait au Québec a augmenté de près de 40%. Outre les pâtes, les pâtisseries et le pain, c'est la catégorie de produits alimentaires qui a subi la plus forte hausse depuis la dernière décennie.

Le Québec est la seule province canadienne qui régit le prix du lait au détail aussi sévèrement. La prémisse pour une telle politique est de répartir la richesse à travers la filière laitière québécoise, incluant les distributeurs et détaillants. La Commission canadienne du lait, qui régit le prix que les producteurs laitiers reçoivent pour leur lait, assure la profitabilité de l'industrie. C'est essentiellement ce que prévoit notre système de la gestion de l'offre. La Régie québécoise, quant à elle, va beaucoup plus loin en protégeant les intérêts du reste de la filière laitière québécoise.

Le consommateur québécois, dans tout cela, est ni plus ni moins pris en otage. Les groupes qui représentent les consommateurs auprès des régisseurs ne font tout simplement pas le poids face aux industriels et la puissante Fédération des producteurs de lait du Québec.

La Régie considère maintenant une possible abrogation du règlement sur le prix du lait de consommation au Québec. Une telle réforme pourrait bénéficier aux consommateurs québécois à long terme puisque la filière laitière devra adapter sa politique de prix selon les conditions du marché. Certains groupes prétendent qu'une telle abolition mènerait à une guerre de prix sans précédent. C'est un argument qui ne tient pas la route, et ce, pour deux raisons.

D'abord, la demande de lait par personne au Québec a diminué d'environ 20% depuis 30 ans. Le consommateur moyen boit moins de lait. Une plus grande flexibilité permettrait à la filière laitière de stimuler une demande qui boude le lait depuis belle lurette. De plus, la demande du lait est inélastique. Cela signifie que même une grande diminution du prix n'amènerait qu'un changement minime de la quantité vendue.

À long terme, une abolition de la politique de fixation du prix du lait au détail au Québec serait une résolution conforme aux valeurs égalitaristes du peuple québécois.