En Montérégie, des parents seront remboursés par leur commission scolaire après avoir payé des fournitures scolaires qui auraient dû être gratuites. C'est leur droit. C'est même la loi. Celle sur l'instruction publique. Je ne veux pas partir en croisade contre les lois qui régissent notre société. Mais permettez-moi de mettre en perspective certaines réalités qui m'accrochent.  

En Montérégie, des parents seront remboursés par leur commission scolaire après avoir payé des fournitures scolaires qui auraient dû être gratuites. C'est leur droit. C'est même la loi. Celle sur l'instruction publique. Je ne veux pas partir en croisade contre les lois qui régissent notre société. Mais permettez-moi de mettre en perspective certaines réalités qui m'accrochent.  

Enseigner, c'est plus qu'un métier, c'est une passion, un mode de vie, un véritable don de soi. Souvent, on me demande si je trouve ma tâche lourde, si les jeunes d'aujourd'hui sont désoeuvrés, mal élevés. À mon humble avis, à peine. Ou plutôt, là n'est pas le véritable problème.

Mon grand découragement, ce ne sont pas les jeunes qui me le font vivre, mais la société. Ma société. Je sais, quand on parle de cette manière, on veut trop en mener large, on pointe du doigt tout le monde et personne à la fois. Pourtant, j'insiste: c'est l'importance, le statut qu'occupe l'éducation dans la société québécoise qui fait défaut.  

Et je ne veux pas jouer celui qui se défile en disant que ce n'est pas à l'école de jouer le rôle des parents. Personne ne devrait jouer le rôle de l'autre. Chacun devrait prendre ses responsabilités, assumer qu'il fait partie d'une société, pas seulement d'un réseau social virtuel. Je souhaite un réveil collectif, un grand questionnement de nos valeurs éducatives. Faire de l'éducation une priorité.La priorité.

En tant qu'enseignant, parent et citoyen, je constate, à tous les jours, que nous sommes bien loin d'une telle réalité. Même que nous nous en éloignons un peu plus chaque jour. Nous vivons dans une société du court terme. Aucune vision à long terme de ce que sera la prochaine génération. Comme s'il y avait un abandon, un laisser-aller qui sous-entend que les jeunes «s'arrangeront bien, comme on l'a fait».  

Nous sommes une société-viaduc, en attente que le ciel nous tombe sur la tête. Et là, on s'évertuera à trouver des coupables: la réforme, les profs, la langue française, les parents, le réchauffement climatique, alouette. Je trouve regrettable que nous tendions plus à l'avoir qu'à l'être. L'économie mène le monde, dit-on, mais pourquoi jeter tout le reste par-dessus bord? Ne peut-on pas conjuguer plusieurs réalités de front et non pas toujours chercher à les écraser les unes sur les autres?  

Dans le budget gouvernemental comme dans le budget familial, tout ce qui touche l'éducation de nos jeunes devrait arriver en tête de liste. Avant la télé ACL, le voyage dans le sud, la voiture de l'année. Nos enfants ont besoin de manuels, de romans, de livres? Achetons-les. Offrons-leur les outils. Simple question de gros bons sens. Certaines familles ont de la difficulté à joindre les deux bouts? C'est là que le gouvernement devrait entrer en jeu et permettre aux parents moins nantis d'offrir à leurs enfants ce dont ils ont besoin. C'est clair qu'il faudra sacrifier de petits luxes, des acquis, mais, à long terme, nos petits-enfants nous remercieront.

Ces jeunes qui, trop souvent, sont taxés d'incultes, ont soif de se dépasser.  Mais avez-vous pensé au fait que la culture qu'ils consomment, ce sont les adultes qui la créent? Arrêtons de viser les cibles faciles que sont les jeunes et questionnons-nous sur ce que nous leur offrons, leur léguons. Ils ne vont pas au bout d'eux-mêmes parce que c'est nous-mêmes qui nivelons par le bas. Pas eux. Nous fabriquons cette culture du prémâché. Ils ne font que picorer dans notre bouche.  

Selon la loi sur l'instruction publique, les parents ont le droit de réclamer l'argent qui a servi à payer des fournitures. Le droit. Toujours le droit. À quand une société du devoir?