Pour la septième année consécutive, j'ai participé aujourd'hui (15 juillet) au Grand Splash, un événement organisé par le Comité citoyen Montréal Baignade, qui revendique un plus grand accès à l'eau à Montréal et l'aménagement de sites de baignade pour les Montréalais. Si je saute à l'eau aujourd'hui, c'est aussi pour sensibiliser la population à l'importance de protéger les cours d'eau autour de l'île de Montréal.

Pour la septième année consécutive, j'ai participé aujourd'hui (15 juillet) au Grand Splash, un événement organisé par le Comité citoyen Montréal Baignade, qui revendique un plus grand accès à l'eau à Montréal et l'aménagement de sites de baignade pour les Montréalais. Si je saute à l'eau aujourd'hui, c'est aussi pour sensibiliser la population à l'importance de protéger les cours d'eau autour de l'île de Montréal.

Chaque été, le tiers de la population montréalaise emprunte les ponts et quitte Montréal pour aller se baigner. Les Montréalais sont confrontés à un paradoxe: quitter une l'île qui compte 315 kilomètres de rives pour accéder, ailleurs, aux berges et à l'eau. Il est temps pour Montréal d'assumer pleinement son caractère insulaire et d'investir dans des projets concrets et réalistes d'accès à l'eau. Après une longue période de dégradation de la qualité de l'eau et une phase de réhabilitation qui a toujours cours, Montréal doit maintenant entamer une phase de réappropriation de ses berges et intégrer les activités liées à l'eau à son image de marque.

L'appétit des Montréalais pour des sites d'accès à l'eau et pour la baignade est indéniable. Chaque année, environ 150 000 personnes se baignent dans l'une des trois plages publiques de la Ville de Montréal. Ce chiffre augmente considérablement lorsque l'on calcule les différents sites officieux de baignade de l'île.

L'idée que l'eau du fleuve soit impropre à la baignade a longtemps marqué l'imaginaire des Montréalais. Or, la proportion de gens qui estiment que les risques de la baignade dans le Saint-Laurent sont importants décline constamment et une bonne part de la population est prête à se mettre les pieds à l'eau ou se baigner dans la mesure où elle est informée de la qualité de l'eau et que les aménagements adéquats et sécuritaires sont faits.

Avec raison! Les différents tests réalisés année après année démontrent que la qualité des eaux riveraines de Montréal s'est grandement améliorée. L'indicateur QUALO, qui évalue la qualité bactériologique des berges et des rives ceinturant l'île de Montréal, indique par exemple que pour 2009, 88% des 116 stations d'études dispersées autour de l'île répondaient aux normes de qualité pour la baignade. Même les plus optimistes prédisaient pourtant que nous ne pourrions atteindre des résultats aussi probants avant des décennies. Rappelons qu'il y a cinq ans, ce résultat n'était que de 50%.

Il faut souligner le chemin accompli et poursuivre le travail, notamment en ce qui a trait au réaménagement des égouts croisés, qui engendrent le déversement des eaux usées vers le fleuve. Il convient cependant de traduire ce succès par des aménagements qui permettront de faire de la réappropriation des rives une réalité concrète pour Montréal, une plus-value à la qualité de vie des citoyens.

Par où commencer? En raison de leur situation géographique, de leur accessibilité, de leurs caractéristiques environnementales et de la forte mobilisation citoyenne, nous croyons que la Ville de Montréal est en mesure de créer rapidement trois sites d'accès à l'eau.

À cet égard, la plage urbaine au quai Jacques-Cartier annoncée en mai dernier, ainsi que les aménagements projetés par la Société du Vieux-Port de Montréal pour revitaliser ce secteur - un emplacement situé près des services de transport en commun et à l'intérieur même du principal pôle touristique de la métropole - doivent être une priorité pour Montréal.

Un deuxième site d'accès à l'eau peut rapidement être implanté à Pointe-aux-Trembles, sur le site de l'ancienne marina Beaudoin, qui appartient à la Ville de Montréal. À cet égard, le conseil d'arrondissement a modifié en juin le zonage de ce terrain afin d'en faire un espace parc dont le statut sera protégé;

Un troisième se trouve à Verdun, où les rives sont déjà largement fréquentées et où la baignade est courante.

Ces trois projets, combinés aux sites d'accès à l'eau existants, permettraient à tous les résidants de l'île d'avoir accès à des sites d'accès à l'eau sécuritaires et près de chez eux. D'autres projets pourront également voir le jour par la suite. Rappelons que dans les années 60, on comptait encore une cinquantaine de plages dans la grande région montréalaise.

Le défi est toutefois d'être créatif et de ne pas restreindre le principe de l'accès à l'eau à la vision d'une plage sablonneuse. Partout dans le monde, les exemples foisonnent de projets novateurs d'accès aux berges, adaptés au contexte environnemental et urbain.

Pour y arriver, les élus des arrondissements et municipalités riveraines de l'île de Montréal doivent assumer leur leadership. J'invite chacun des arrondissements riverains de Montréal à de se doter, à l'instar de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, d'un plan directeur de mise en valeur des berges. Ce plan aura pour objectif de favoriser l'accessibilité aux plans d'eau, entre autres en définissant des balises claires en ce qui concerne le développement résidentiel et en identifiant les terrains riverains qui présentent un potentiel significatif sur le plan récréatif, touristique, économique ou écologique.

Pour se donner les moyens de ses ambitions, Montréal devra également se doter d'un fonds d'acquisition qui permettra d'acquérir des terrains riverains.  

À l'aube de son 375e anniversaire, redonner les rives à la population est un projet rassembleur qui, d'ici quelques années, pourrait faire la fierté de notre ville!

* L'auteure est mairesse de l'arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles.