Depuis le 2 mai, nous vivons dans un Canada conservateur. Le gouvernement Harper, élu par moins de 25% des électeurs éligibles, a promis dans sa plateforme électorale d'«abolir l'inutile registre des armes d'épaule», et ce, «une bonne fois pour toutes».

Depuis le 2 mai, nous vivons dans un Canada conservateur. Le gouvernement Harper, élu par moins de 25% des électeurs éligibles, a promis dans sa plateforme électorale d'«abolir l'inutile registre des armes d'épaule», et ce, «une bonne fois pour toutes».

Le 13 septembre marquera le cinquième anniversaire d'un épisode sombre de l'histoire de notre collège, une fusillade tragique qui a coûté la vie à Anastasia De Sousa, alors âgée de 18 ans. Notre cégep porte encore les stigmates de cette tragédie. Étudiants, professeurs, personnel et administrateurs, tous autant de victimes collatérales de la violence par armes à feu.

Nous sommes offensés par cette promesse conservatrice. Bien que la fusillade de Dawson n'ait pas été commise avec une arme d'épaule, qu'en est-il de tous les autres tirs portés en direction de Canadiens innocents? Qu'en est-il du respect pour les victimes?

Le registre canadien des armes à feu est né des pressions des victimes d'une autre fusillade, celle de l'École polytechnique de Montréal. Devrait-il disparaître sous la pression de ses détracteurs, le lobby des armes à feu?

Le 22 septembre 2010, les étudiants de Dawson s'étaient déplacés sur la colline parlementaire pour demander à nos députés de faire le bon choix et sauvent le registre des armes à feu. Celui-ci a survécu de peu, le projet de loi C-391 ayant été défait par précisément deux voix.

C'est aujourd'hui avec la même énergie que les étudiants du collège Dawson se dressent pour demander du gouvernement fédéral qu'il maintienne le registre canadien des armes à feu. C'est avec la même ferveur que nous affirmons que le registre des armes à feu n'est pas seulement nécessaire, mais vital. C'est avec la même conviction que nous lutterons pour que ce monument à la mémoire des victimes demeure.

Malheureusement, ce n'est pas aujourd'hui avec la même Chambre des communes que nous devrons parlementer. C'est avec une Chambre contrôlée par une majorité conservatrice, qui a exprimé son intention claire de ne pas respecter les voeux de sa population.

Ainsi, je suis fier de l'initiative de notre gouvernement provincial, qui a annoncé qu'il considérait un plan B advenant l'abolition du registre fédéral, consistant en la création d'un registre québécois des armes à feu.

Si jamais le Canada abandonne ses victimes, au moins le Québec tentera d'honorer les siennes.