Le secteur financier est majeur au Québec. Il est responsable de plus de 150 000 emplois directs de haut niveau et autant d'emplois indirects. Ce secteur est structurant pour son économie et agit comme un carburant essentiel à la croissance économique. Ce qui se joue actuellement avec les scénarios de fusion des Bourses de Toronto et de Montréal avec le London Stock Exchange ou avec le projet d'acquisition des Bourses par le tout nouveau groupe Maple comporte donc des enjeux cruciaux.

Le secteur financier est majeur au Québec. Il est responsable de plus de 150 000 emplois directs de haut niveau et autant d'emplois indirects. Ce secteur est structurant pour son économie et agit comme un carburant essentiel à la croissance économique. Ce qui se joue actuellement avec les scénarios de fusion des Bourses de Toronto et de Montréal avec le London Stock Exchange ou avec le projet d'acquisition des Bourses par le tout nouveau groupe Maple comporte donc des enjeux cruciaux.

Les mouvements de convergence, de partenariat et de spécialisation entre les Bourses sont devenus une règle universelle dans le monde et plus encore au fur et à mesure que se sont intensifiés les flux de capitaux mondiaux. Ces mouvements sont salutaires et permettent d'accroître l'efficacité et la concurrence, tout en facilitant la libre circulation des capitaux.

J'étais ministre des Finances en 1999 lorsque j'ai entériné la spécialisation de la Bourse de Montréal pour les produits dérivés. J'étais convaincu, à ce moment-là, que les dérivés étaient un tremplin pour l'avenir. La suite des choses m'a donné raison. Le Québec s'est démarqué et ses produits ont connu une croissance spectaculaire. Tant et si bien que la Bourse de Montréal, sa formidable expertise et ses marchés sont convoités; convoités d'abord par la Bourse de Toronto, à laquelle la Bourse de Montréal s'est fusionnée en 2008 pour former TMS, et convoités maintenant jusqu'à Londres, de même que par des institutions financières et fonds de retraite majeurs du Canada et du Québec, regroupés au sein du groupe Maple.

Lorsque la proposition de fusion de TMX avec la Bourse de Londres a été rendue publique, j'ai eu le réflexe, comme libre-échangiste et partisan de la mondialisation régulée et de l'efficacité, d'appuyer publiquement cette proposition, convaincu que ce partenariat international était intéressant et que nous saurions à nouveau nous démarquer.

Mais l'entrée en scène de la proposition Maple a modifié mes perspectives en déclassant la proposition de fusion avec la Bourse de Londres, pour trois raisons, dont une fondamentale à mes yeux.

Premièrement, le modèle proposé par Maple est celui d'une Bourse moderne et intégrée, comme on le voit dans plusieurs pays du monde. Ainsi, la négociation et la compensation des actions, des obligations et des dérivés se réaliseraient de manière synchronisée et publique, au lieu de se faire à la pièce et parfois dans l'ombre. Comme on dit dans le jargon, le modèle réduit les risques «macro-prudentiels», accroît la sécurité, par sa visibilité, sa transparence et l'intégration de tous les maillons d'une transaction.

Deuxièmement, les pouvoirs dévolus aux autorités réglementaires sont clairs, plus clairs qu'avec la proposition de Londres: les commissions des valeurs mobilières canadiennes et l'Autorité des marchés financiers pour le Québec continueraient d'assumer efficacement leur rôle et d'exercer leurs prérogatives.

Enfin, et c'est là l'élément fondamental, le groupe Maple a réussi à réunir dans ses rangs les joueurs québécois majeurs du secteur financier qui ont contribué à construire le Québec: la Caisse de dépôt et placement du Québec, la Banque Nationale, le Fonds de solidarité et le tout dernier venu et non le moindre, le Mouvement Desjardins; des joueurs bien placés pour façonner les orientations de la nouvelle entité en tenant compte des intérêts du Québec et de l'avenir de sa principale place financière qu'est Montréal.

Avec le développement des produits dérivés, le Québec a fait la preuve au cours de la dernière décennie qu'il peut jouer parmi les grands en matière financière, comme dans bien d'autres domaines de l'activité humaine. Nous sommes parvenus à une autre étape et, en quelque sorte, à un tournant en regard de l'avenir. Je suis maintenant persuadé que la suite de l'histoire à succès de la Bourse de Montréal et du secteur financier québécois doit se jouer avec ceux-là mêmes qui l'ont façonnée : les grandes institutions, les entreprises et les dirigeants québécois derrière le groupe Maple.