Je ne suis pas souverainiste. Par conséquent, je suis fédéraliste. Le drapeau est moins lourd et cela me convient. Je veux vivre dans une société où il me semble que nous partageons un ensemble de valeurs et de règles de vie commune qui nous permettent de manger à notre faim, de ne pas craindre la violence, de penser comme on le veut et d'avoir le droit de le dire.

Je ne suis pas souverainiste. Par conséquent, je suis fédéraliste. Le drapeau est moins lourd et cela me convient. Je veux vivre dans une société où il me semble que nous partageons un ensemble de valeurs et de règles de vie commune qui nous permettent de manger à notre faim, de ne pas craindre la violence, de penser comme on le veut et d'avoir le droit de le dire.

J'ai grandi et vécu la grande partie de ma vie au Québec, mais j'ai aussi passé près de 15 ans à vivre et à travailler dans un pays en voie de développement. Un pays où tous ne mangent pas à leur faim, où la violence est omniprésente et où trop de gens ont encore peur de penser comme ils le veulent.

J'ai envers nos gouvernements des attentes modestes. Je m'attends à ce qu'un bon gouvernement prenne des décisions raisonnables, réfléchies et qu'il les prenne en tenant compte de la diversité des points de vue qui s'expriment. Je tiens le gouvernement pour un bon fiduciaire des intérêts communs, non pas nécessairement le chef de lance des initiatives à hauts risques. Je m'attends aussi à ce que les élus parlent simplement, de façon à ce que l'on comprenne ce qu'ils nous disent et que ce soit la vérité, enfin que ce soit au moins la leur.

Je ne comprends rien de cette affaire d'amphithéâtre à Québec, sauf que rien n'est clair et rien n'est tout à fait vrai. De plus, cela me semble bien loin d'un projet gouvernemental visant le mieux-être des citoyens. Ce projet de loi 204, fait pour priver les gens d'un droit de recours raisonnable contre une décision à laquelle ils s'opposent, me semble être une astuce. Et les astuces, en politique, ça finit par m'agacer.

Je comprends aussi que les députés péquistes qui ont quitté le parti avaient plus d'un motif pour le faire. Mais parmi l'ensemble de paroles entendues à ce sujet, ce sont celles de Louise Beaudouin que je retiendrai. «La partisanerie qui souvent rend aveugle, qui nous force à toujours être dans la certitude, jamais dans le doute, sur le ton guerrier que l'on se croit obliger d'employer, sur la manière de se comporter avec des adversaires que l'on a tendance à considérer comme des ennemis, sur l'unanimisme imposé et sur la rigueur implacable de la ligne de parti: des maux dont la politique, je crois, est en train de mourir ici et ailleurs.»

Les défis complexes auxquels nous sommes aujourd'hui confrontés - les services de santé, la pauvreté, l'environnement, la complexité des affaires économiques, les exigences de plus en plus complexes de la gestion de la différence entre des personnes et des groupes - ne peuvent être compris et encore moins gérés si nous acceptons de demeurer dans une logique simpliste de bons et de méchants. Je veux bien que les débats soient parfois difficiles, voire aigres; encore faut-il que ce soient des débats et non pas des stratégies de discours ou de marketing politique.

Je comprends qu'il y a un temps pour le jeu politique, le jeu du calcul électoral, le jeu de la stratégie en Chambre, le jeu du combat partisan. Je voudrais cependant que ce ne soit pas tout le temps le temps du jeu. Nous ne sommes pas aveugles, nous ne sommes pas toujours dans la certitude, nous n'avons pas à traiter tout le temps nos adversaires en ennemis. La ligne de parti est une stratégie parfois nécessaire, mais s'imposer de penser comme tout le monde n'est pas garant d'un bon résultat.

Je ne partage pas l'option politique de Mme Beaudouin; je partage profondément sa conviction que l'on peut faire mieux et faire autrement. J'espère qu'elle et d'autres sauront nous montrer comment.