Il faut connaître le terrain et les réalités socioéconomiques des régions du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de la Côte-Nord, de la Jamésie et du Nunavik pour comprendre la signification réelle du Plan Nord du premier ministre du Québec.

Il faut connaître le terrain et les réalités socioéconomiques des régions du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de la Côte-Nord, de la Jamésie et du Nunavik pour comprendre la signification réelle du Plan Nord du premier ministre du Québec.

Il faut partager intensément les espoirs et les ambitions de tous ces gens, Québécois comme Autochtones, comme j'ai la chance de le faire depuis plusieurs années, pour en évaluer toute la portée. Et, au-delà des critiques futiles, souvent irrespectueuses pour le milieu, provenant de quelques-uns qui n'ont de solidaire que la fidélité envers eux-mêmes ou celles de véritables gérants d'estrade qui n'ont même jamais (ou si furtivement) mis les pieds au nord du 49e parallèle, le Plan Nord témoigne d'une véritable vision de valorisation et de développement intégrée du territoire québécois.

Le Plan Nord fait consensus. Il est le fruit du travail de centaines de représentants des régions concernées pendant plus d'une année. Et il faut voir la réaction d'extrême satisfaction des populations locales, québécoises comme autochtones, lors des annonces de projets majeurs. Aux quelques leaders autochtones qui ont brisé l'unanimité, on peut en opposer d'autres, et pas les moindres, qui font plutôt preuve d'enthousiasme: Matthew Coon Come, chef des Cris, François Bellefleur, chef des Innus de Nutasqan, Pita Aatami, président de Makivik au Nunavik, et autres.

Le Plan Nord est une initiative territoriale qui nous rapproche de l'espace géostratégique où se dessineront les grands enjeux économiques et politiques planétaires, et particulièrement dans l'optique du réchauffement climatique: le passage du Nord-Ouest vers l'Asie, et vers l'est, pour l'Europe (le port de Rotterdam, notamment) et le Moyen-Orient.

Il est une offensive écologique qui exempte 50% du territoire de tout développement industriel; une politique de développement social en regard de la formation; des infrastructures nouvelles conçues avec la participation des promoteurs et le désenclavement graduel des communautés de la Basse-Côte-Nord et du Nunavik; un plan qui offrira des perspectives aux enfants du Nord qui ont plutôt choisi l'exode au Sud au cours des dernières années; une formidable stratégie de développement économique qui valorisera l'ensemble des ressources naturelles et humaines, qui conduira à des milliards de retombées économiques et fiscales et à la création de milliers d'emplois.

On peut bien mettre en doute les chiffres présentés par le gouvernement lors de l'annonce. Tout exercice de prospective économique est de toute façon périlleux. Mais l'ordre de grandeur est là, les annonces d'investissements des dernières semaines et les projets déjà identifiés et en cours, eux, ne trompent pas.

On peut bien dire également que ces projets ont été élaborés avant l'annonce du contenu précis du Plan Nord il y a quelques semaines. Mais les déclarations récentes du haut dirigeant québécois d'une minière multinationale traduisent un sentiment général: «Dans tous les coins de la planète, mes collègues présentent des projets d'investissement aussi intéressants que le mien. Mais depuis que le premier ministre a lancé l'idée du Plan Nord, il y a deux ans, c'est un élément majeur qui fait pencher la balance en faveur du Québec.» Le Plan Nord est en quelque sorte l'état d'esprit de l'État, une invitation générale aux partenariats et une porte d'entrée au processus d'acceptabilité sociale.

Tout est perfectible dans ce monde et je souhaite notamment que le gouvernement du Québec enrichisse le Plan Nord d'une participation directe aux projets, plus importante que celle annoncée. Les Québécois doivent devenir de véritables partenaires-actionnaires. Je souhaite également qu'on ajoute aux instruments de développement économique une politique incitative à la deuxième et à la troisième transformation, afin de développer de véritables filières, génératrices de valeur ajoutée, dont nous pourrons tous profiter, au nord comme au sud du 49e parallèle.

On reproche souvent aux politiciens de manquer de vision. Le Plan Nord est visionnaire, grand et ambitieux pour le Québec. Il est plus que «le projet d'une génération». C'est LE formidable chantier de toutes les générations qui se succéderont au Québec pour des décennies à venir. C'est un projet de bâtisseurs de pays.