Pourquoi se scandaliser et s'insurger contre la brillante recommandation du coroner Yvon Garneau? À la suite de la mort de quatre beaux jeunes hommes, il a proposé l'imposition d'un couvre-feu pour les conducteurs de 16 à 24 ans. Carl, Gabriel, Alex et Jean-Benoît auraient pu avoir la vie sauve si cette loi avait été appliquée lors leur fatidique et dernière nuit.

Pourquoi se scandaliser et s'insurger contre la brillante recommandation du coroner Yvon Garneau? À la suite de la mort de quatre beaux jeunes hommes, il a proposé l'imposition d'un couvre-feu pour les conducteurs de 16 à 24 ans. Carl, Gabriel, Alex et Jean-Benoît auraient pu avoir la vie sauve si cette loi avait été appliquée lors leur fatidique et dernière nuit.

Dans mes quatre classes de cinquième secondaire, à 100%, les 110 élèves ont exprimé, dès le départ de la discussion à ce sujet, qu'ils étaient en désaccord avec cette recommandation. Pour défendre leur point de vue, qu'ils estimaient inébranlable, ils argumentaient contre les heures, l'illégalité qui allait les pousser à faire le contraire, leur liberté brimée. Ils hurlaient au nom de l'injustice...

Or, dans tous les groupes, à force d'énumérer des tragédies et des arguments en faveur de la recommandation, les arguments amenaient les jeunes, désormais déstabilisés dans leur point de vue, à suggérer d'autres solutions.

Ainsi, les chiffres effarants les obligeaient à admettre que la situation était dramatique. Alors, au fil du débat, les élèves suggéraient des bémols à la recommandation du coroner Garneau. Plusieurs ont parlé d'instaurer davantage de barrages nocturnes, des barrages plus stricts et surtout moins prévisibles sur les routes. D'autres ont discuté des bienfaits des amendes plus salées ou ont proposé davantage d'effectifs policiers la nuit. Quelques élèves ont même pensé que le couvre-feu soit imposé, mais plus tard ou seulement pour les jeunes fautifs ou récidivistes. La plupart sont d'accord pour que des ivressomètres soient installés dans toutes les voitures qui seront fabriquées à l'avenir.

Pour enrichir le débat, d'autres questions ont été posées aux élèves. Ainsi, tous les jeunes sont conscients qu'il faut agir. À preuve, à 100%, ils ont levé la main à l'urgence de faire quelque chose. De plus, à l'unanimité, ils étaient également pour l'instauration de cours de sensibilisation à la sécurité routière dès la sixième année du primaire jusqu'à la fin du secondaire. Certains ont même eu l'idée d'offrir les cours de conduite dans les écoles.

En conclusion, les jeunes ont un bon jugement, mais les plus tranquilles, et surtout les plus sages, s'offusquent de devoir payer la note pour les autres. Or, une jeune fille de ma classe a rétorqué un commentaire lapidaire qui m'a ramenée à la case départ, soit celle où je suis d'accord, sans détour, avec le coroner Garneau. «Vous savez, je n'ai pas connu ma mère. Un homme saoul l'a tuée quand j'avais 6 mois. Il avait l'âge que j'ai aujourd'hui. Aussi, je me demande ce que nous, les jeunes, faisons de minuit à 5h du matin, sinon boire ou se geler ou être un chauffeur désigné... Soyez honnêtes S.V.P..! Moi à 3h du matin, en général je suis dans mon lit et j'aimerais bien dormir tranquille», a lancé la jeune fille, avec une subtile larme qui roulait sur sa joue.