Un tollé général survient à chaque hausse du prix de l'essence. Pourtant, les comportements ne changent pas pour autant. Les autoroutes 13, 15, 20, 25 et 40 affichent perpétuellement le même spectacle: une série d'automobilistes seuls dans leur voiture de quatre places et plus. Et à ce moment, on veut plus de ponts et plus de routes: vision à court terme d'une société vivant encore à une autre époque.

Un tollé général survient à chaque hausse du prix de l'essence. Pourtant, les comportements ne changent pas pour autant. Les autoroutes 13, 15, 20, 25 et 40 affichent perpétuellement le même spectacle: une série d'automobilistes seuls dans leur voiture de quatre places et plus. Et à ce moment, on veut plus de ponts et plus de routes: vision à court terme d'une société vivant encore à une autre époque.

Qu'à cela ne tienne, nous continuons à étendre nos villes, à empiéter sur nos terres agricoles et à vivre artificiellement, le temps d'une génération, la démesure et l'excès de la consommation, de l'utilisation indue du crédit et d'un niveau de vie qui n'est pas le nôtre. Tant que cette situation existera, l'homo economicus ira s'installer en banlieue étendue. Cette situation perdurera tant que le coût cumulé de sa grande maison, de son grand terrain et du prix de sa voiture demanderont moins de flux monétaires mensuels que le prix d'une habitation plus petite, dans un quartier plus dense, plus vieux et moins attrayant pour une famille.

Faisons-nous fausse route? Je crois que oui. Une partie de la population vie une «qualité de vie» dans un espace temporel qui n'existera plus. Le jour où le prix de l'énergie atteindra des sommets, où les denrées alimentaires se feront plus rares, où la courbe démographique jouera des tours à tous les propriétaires de maisons dans des banlieues trop éloignées, le véritable coût de l'étalement urbain exagéré nous rattrapera financièrement: autant au point de vue individuel que collectif.

Pendant des générations, les gens ont vécu leur jeunesse dans des espaces restreints et partagés. La proximité a été un mode de vie par défaut: proximité du travail, des commerces, des voisins, etc. La démocratisation de la voiture nous a permis de nous éloigner, mais à quel prix? Sommes-nous victimes de nos propres choix? Sommes-nous victimes de notre vision à court terme? Sommes-nous victimes de nos désirs toujours plus grands, plus vastes et sans limite?

Démontrons un peu de vision. Changeons nos comportements, soyons fier d'être différents, soyons fiers de voir 10, 20 ou 30 ans en avant. Le prix de l'essence est trop bas, car nos comportements sont figés dans le temps. Jouer à l'autruche en se disant «je n'ai pas le choix» ne changera sûrement rien à tout cela. Le gouvernement ne peut rien contre la hausse à long terme du prix de l'essence : une intervention gouvernementale ne serait que le prolongement coûteux d'une longue agonie.