Depuis les élections fédérales du 2 mai, on entend dans l'espace public toutes sortes d'explications tentant d'expliquer le vote québécois. Malheureusement, ces explications ne sont pas convaincantes, tant et si bien que certains analystes en arrivent à la conclusion que les Québécois ont voté de manière erratique, un peu au hasard.

Depuis les élections fédérales du 2 mai, on entend dans l'espace public toutes sortes d'explications tentant d'expliquer le vote québécois. Malheureusement, ces explications ne sont pas convaincantes, tant et si bien que certains analystes en arrivent à la conclusion que les Québécois ont voté de manière erratique, un peu au hasard.

Certains ont avancé que la campagne néo-démocrate avait eu du succès à cause du caractère sympathique de Jack Layton. D'autres ont souligné une campagne libérale peu enlevante ou la lassitude envers le Bloc québécois pour expliquer la victoire québécoise du NPD. Ces explications ne conviennent pas.

Pourquoi? Tout simplement parce qu'on ne peut pas les circonscrire à l'élection de 2011 au Québec. Tout facteur devant expliquer le vote néo-démocrate chez les Québécois devrait arriver au même résultat lors des élections précédentes, si ce facteur était présent. Si le caractère sympathique de M. Layton avait suffi à faire élire plusieurs députés au Québec, plusieurs néo-démocrates auraient été élus au Québec dès 2006 et 2008. Si une faible campagne des libéraux avait suffi à faire élire des députés néo-démocrates au Québec, M. Layton y serait parvenu dans une lutte électorale contre Paul Martin, et contre Stéphane Dion. De même, la lassitude envers le Bloc dure depuis un certain temps déjà, et aucun événement déclencheur lié directement au Bloc ne permet d'expliquer la soudaine élection de députés néo-démocrates au Québec.

Comme on peut le voir, les explications du vote québécois rendues publiques ne sont pas satisfaisantes, puisqu'elles ne sont pas circonscrites à l'élection de 2011. Je me permets néanmoins d'en proposer une qui satisfait à ce critère. Il s'agit de prendre en compte les opinions des Québécois par rapport à celui qui, d'après eux, ferait le meilleur premier ministre du Canada. Dans plusieurs sondages d'opinion, lors de l'année précédant l'élection, les Québécois ont exprimé que le chef de parti qui ferait le meilleur premier ministre du Canada était Jack Layton. C'était la première fois que les Québécois faisaient un tel constat. Il semble donc que cette voie soit la plus féconde pour expliquer le soutien de tant de Québécois au NPD lors de ces élections.

Ajoutons à cela que les sondages tenus durant la campagne ont permis aux Québécois de jauger l'appui du NPD au sein de la province, dissipant leur crainte de gaspiller leur vote, et que Jack Layton est lui-même Québécois, et on retrouve une combinaison de facteurs qu'on ne retrouve pas dans l'histoire du Canada depuis la période du gouvernement Mulroney, d'ailleurs lui aussi largement appuyé par les Québécois, ce qui satisfait au critère selon lequel la présence du facteur explicatif du vote doit mener à un résultat similaire.

Bien que cette analyse soit préliminaire, elle a le mérite de prendre en compte le caractère particulier du vote des Québécois en 2011, ce qui n'est pas le cas des explications concurrentes, qui font ressortir des caractéristiques qui étaient aussi présentes lors des élections précédentes. Cette analyse a aussi comme avantage de permettre des prédictions. Si M. Layton continue à être vu par une pluralité de Québécois comme le meilleur premier ministre du Canada, particulièrement si le prochain chef du parti libéral n'est pas un Québécois, on devrait pouvoir lui prédire un autre beau résultat au Québec suite à la prochaine élection fédérale.